Suicide en prison: la France comparée à ses voisins européens (2009)

Suicide en prison: la France comparée à ses voisins européens (Géraldine Duthé, Angélique Hazard, Annie Kensey , Jean-Louis Pan Ké Shon- 2009)

Contrairement aux idées reçues, la surpopulation carcérale et le suicide n’évoluent pas de façon parallèle. Le taux global d’occupation des établissements pénitentiaires, calculé en rapportant le nombre de personnes écrouées à la capacité effective d’hébergement dans l’ensemble des établissements pénitentiaires, a diminué durant les années 1990, passant au-dessous du seuil de 100 détenus pour 100 places début 2001. Il a augmenté depuis jusqu’à 119 détenus pour 100 places en janvier 2008. Alors que le taux d’occupation des établissements pénitentiaires diminue au début des années 1990, le taux de suicide augmente. Et lorsque le taux d’occupation augmente à partir de 2002, celui du suicide a tendance à diminuer.

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OMS (2007) La prevention du suicide dans les établissements correctionnels

 OMS (2007) La prevention du suicide dans les établissements correctionnels

En tant que groupe, les détenus présentent des taux de suicide plus élevés que leurs homologues dans la société et certaines données indiquent que ces taux augmentent même là où les nombres de détenus diminuent . Non seulement constate-t-on plus de comportement suicidaires dans les établissements correctionnels, mais c’est tout au cours de leur vie que de nombreuses personnes ayant vécu l’incarcération présentent des pensées et des comportements suicidaires. De même, les détenus en attente de procès présentent un taux de tentative de suicide d’environ 7,5 fois (6 fois pour les détenus condamnés) celui des hommes hors de prison dans la population en général 10 . Ces données dénotent également un problème de base quant à la compréhension des causes du suicide en situation de détention : D’une part, les personnes qui enfreignent la loi présentent déjà beaucoup de facteurs de risque de comportement suicidaire avant l’incarcération (ils « importent » donc ensuite le risque suicidaire en prison) et leur taux de suicide est également plus élevé même après leur libération 11 . Ceci ne signifie pas que les services correctionnels n’ont pas de responsabilité quant au suicide des délinquants; au contraire, ces personnes vulnérables doivent être traitées pendant qu’elles sont à portée de la main, en prison. D’autre part, la détention est un événement stressant de plus, même pour des détenus non vulnérables, considérant que cet événement prive une personne de ressources importantes.

http://www.who.int/mental_health/resources/resource_jails_prisons_french.pdf

Si le lien est brisé: OMS (2007) La prevention du suicide dans les etablissements correctionnels

OMS (2002) Prevention suicide, indications pour le personnel penitentiaire

OMS (2002) Prevention suicide, indications pour le personnel pénitentiaire

Le suicide est la cause de mort la plus fréquente en milieu pénitentiaire. Les lieux de détention, maisons d’arrêt et prisons ont une responsabilité dans la protection sanitaire et la sécurité de leur population carcérale et en cas d’échec, des poursuites légales peuvent être entamées. Alimenté par l’intérêt que portent les médias à cette question, un suicide dans un lieu de détention peut aisément aboutir à une polémique politique. C’est pourquoi, la mise en place de programmes de prévention du suicide et d’intervention en cas de crise suicidaire est à la fois utile aux détenus et à l’institution pénitentiaire qui les organise. C’est dans ce contexte que, dans le monde entier, les établissements pénitentiaires luttent pour prévenir le suicide des détenus.

OMS (2002) Prevention suicide, indications pour le personnel penitentiaire

CODE DES PRISONS (1866) circulaire prévention suicide en milieu carcéral du 12 avril 1866

CODE DES PRISONS – SECOND EMPIRE (1866)  la circulaire du 12 avril 1866 du ministre la Valette, sur la prévention du suicide en prison

« Quand le dégoût de l’existence, la crainte du châtiment ou quelque crise morale viennent altérer ou dominer en lui les instincts conservateurs de la vie, il est bon qu’il trouve dans de frequents entretiens avec des personnes placées près de lui par la vigilance de la loi, la force de se soustraire à de coupables tentations… »

BOURGOIN Nicolas (1994), Le suicide en prison

Bourgoin (Nicolas) — Le suicide en prison, In: Population, 49e année, n°3, 1994 pp. 806-807.

BOURGOIN (Nicolas), Le suicide en prison. Préface d’Hervé Le Bras, Paris, Editions L’Harmattan, collection Logiques sociales, 1994, 271 p

Le suicide a toujours intrigué. Il est longtemps resté tabou dans nos sociétés. Au début du XIXe siècle, Esquirol, père de la psychiatrie moderne, l’assimilait à la manifestation d’un désordre mental. Bertillon, à partir des Comptes généraux de la Justice criminelle, remarquait qu’en Europe le nombre des suicides variait comme celui des divorces et des séparations de corps. Dès 1835, Quetelet observait que les crimes et les suicides se reproduisaient annuellement dans les mêmes proportions. C’est en partie sur ces statistiques que Durkheim a élaboré sa théorie sur le suicide dans laquelle il rattache ce phénomène à l’anomie, c’est-à-dire à la désorganisation sociale, et à l’égoïsme, compris comme un affaiblissement des valeurs communes et un excès d’individuation. La théorie d’Halbwachs, s’appuyant en partie sur celle de Durkheim, laisse cependant une plus large place aux facteurs psychologiques tout en les inscrivant dans un cadre sociologique.

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PARKER (2009) Impact of a Mental Health Training Course for Correctional Officers on a Special Housing Unit

George. F. Parker; MD. (2009) Impact of a Mental Health Training Course for Correctional Officers on a Special Housing Unit; PSYCHIATRIC SERVICES ‘ psychiatryonline.org ‘ May 2009   Vol. 60   No. 5

Objective: This study determined the impact of a ten-hour mental health training program developed by the Indiana chapter of the National Alliance on Mental Illness (NAMI-Indiana) for correctional officers on a prison special housing (“supermax”) unit. Methods: The training was delivered to all of the correctional officers on the unit in five weekly sessions and was repeated 15 months later for new unit staff. The number of incidents reported by unit staff in standard monthly reports, consisting of use of force by the officers and battery by bodily waste on the officers by the offenders, was compared for the nine months before and after both training sessions. Results: Attendance at the initial training ranged from 48 to 57 officers per session, and on the basis of Likert ratings, training was well received by the officers. The total number of incidents, the use of force by the officers, and battery by bodily waste all declined significantly after the first mental health training, and the total number of incidents and battery by bodily waste declined significantly after the second training. Conclusions: The provision of ten hours of mental health training to correctional officers was associated with a significant decline in use of force and battery by bodily waste. (Psychiatric Services 60:640–645, 2009)

http://journals.psychiatryonline.org/

CONSEIL DE L’EUROPE (2008) Prisons et Sanctions et Mesures appliquées dans la Communauté

CONSEIL DE L’EUROPE (2008) Prisons et Sanctions et Mesures appliquées dans la Communauté

SPACE I (Statistiques pénales annuelles du Conseil de L’Europe

 

 

DE AMICIS (2009) Suicide in Correctional Facilities

Albert De Amicis, MPPM; University of Phoenix Faculty (September 14, 2009) Suicide in Correctional Facilities

ABSTRACT
This paper addresses suicide prevention which is a very difficult problem that administrators in correctional facilities face on a daily basis. The substance of this policy paper analyzes that problem in depth. There are two alternative policies that this analyst researched. The first is the Hayes, Hunter, Moore, and Thigpen 1995 report on Elayn Hunt Correctional Center (EHCC): Suicide Prevention Plan. This facility is located in Louisville, Kentucky. The final policy analyzed was a written article in 1991 by Marc Friedman. This program is used at Jefferson County Corrections Department. The program is entitled Inmate Watch Program Helps Prevent Suicide. This program is similar to other correctional systems, such as the Federal Bureau of Prisons who use inmates to observe other inmates who are placed under suicide watch. In 2000 the city and county governments had merged, and the name Jefferson County Corrections Department became “Louisville Metro Department of Corrections”. In conclusion, these alternative policies were evaluated by using criterion such as technical feasibility, economic efficiency, political viability, and administrative operability. This analyst hopes that the ideation of these options substantiated by these reports will be beneficial for the problem of dealing with a very difficult dilemma in corrections, suicide prevention.

 

There are two primary causes for jail suicides theorized by Hayes, Hunter, Moore, and Thigpen (1995):
First, jail environments are conducive to suicidal behavior and, second, the inmate is facing a crisis situation. From the inmate’s perspective, certain features of the jail environment enhance suicidal behavior: fear of the unknown, distrust of the authoritarian environment, lack of apparent control over the future, isolation from family and significant others, shame of incarceration, and the dehumanizing aspects of incarceration.
In addition, certain factors often found in inmates facing a crisis situation could predispose them to suicide: recent excessive drinking and /or use of drugs, recent loss of stabilizing resources, severe guilt or shame over the alleged offense, and current mental illness and/or prior history of suicidal behavior. These factors become exacerbated during the first 24 hours of incarceration, when the majority of jail suicides occur. Inmates attempting suicide are often under the influence of alcohol and/or drugs and placed in isolation. In addition, many jail suicide victims are young and generally have been arrested for non-violent, alcohol-related offenses. Although prison suicide victims share some of these characteristics, the precipitating factors in suicidal behavior among prison inmates are somewhat different and fester over time (Hayes, Hunter, Moore, and Thigpen, 1995, pp-2). Different studies have analyzed intake and bookings into jails and lock-up facilities during the early going of these inmates’ incarceration. They also reflect the importance of good intake procedures and just how vital they’re for identifying suicidal characteristics

https://www.ncjrs.gov/pdffiles1/228802.pdf?q=national-study-of-jail-suicides-seven-years-later (pdf)

LA CROIX (9/9/10) Jean-Louis Terra : «On peut tous apprendre les gestes de « secourisme psychique »»

Jean-Louis Terra : «On peut tous apprendre les gestes de « secourisme psychique »»

À l’occasion de la Journée mondiale de prévention du suicide, vendredi 10 septembre, jean-Louis Terra, psychiatre (1), explique que l’on peut prévenir une tentative de suicide

 LA CROIX

 LE SUICIDE PROVOQUE ENVIRON 10 000 DÉCÈS PAR AN EN FRANCE, ET L’ON COMPTE PLUS DE 160 000 TENTATIVES. QUE SAIT-ON DE CE PHÉNOMÈNE ?

Jean-Louis Terra : On parle plutôt aujourd’hui de « crise suicidaire ». Il s’agit d’un processus qui se déroule en plusieurs étapes. Il y a d’abord l’idée de suicide : je pense à me donner la mort, mais j’ai peur de le faire ; puis l’intention : « Je vais trop mal, cela dure depuis trop longtemps, je vais le faire » ; la programmation : comment, où et quand ? Enfin la mise en oeuvre, le « passage à l’acte ».
Cela peut être méthodique, organisé. La personne prévoit de se suicider loin de chez elle afin que personne ne la découvre, range ses placards. Deux questions ralentissent ce processus : comment me donner la mort ? Par quel moyen ? Et comment fermer ma vie ? Mettre de l’argent de côté pour mes proches, écrire une lettre pour essayer de les déculpabiliser…

VOUS TRAVAILLEZ SUR LA PRÉVENTION DU SUICIDE. PEUT-ON VRAIMENT INTERROMPRE LE PROCESSUS QUE VOUS VENEZ DE DÉCRIRE ?

La crise suicidaire, même très avancée, est réversible. Les gens sont ambivalents jusqu’au bout. Certains pendus se sont arraché la peau du cou en essayant d’enlever la corde. Il faut donc dépasser les idées reçues. Le suicide est un trop-plein de souffrance qui ne reçoit pas de réponse.
Les gens ne veulent pas mourir, mais arrêter de souffrir. Le fait d’avoir un moyen accessible de se donner la mort, dormir avec une lame de rasoir dans sa main par exemple, peut calmer. Les personnes qui ont des idées de suicide – environ 5 % – peuvent être arrêtées si elles sont écoutées au bon moment par la bonne personne qui va constituer une bouée de sauvetage. (suite…)