Pr Jean-Louis Terra (2017) Les changements induits par les formations qui favorisent la pérennisation de la prévention du suicide

Pr Jean-Louis Terra (2017) Les changements induits par les formations qui favorisent la pérennisation de la prévention du suicide

2ème congrès de la FTSLU Fédération Trauma Suicide Liaison Urgence
Evaluer pour agir – Comment améliorer et transmettre nos pratiques des urgences psychiatriques du 20 au 23 mars 2017 – Maison de la Région, Place Gabriel Hocquard, Metz

FEDERAL PROBATION JOURNAL (Vol 85, n°3, decembre 2021) Faciliter la conversation pour les agents de probation : Utiliser l’entretien motivationnel pour discuter des idéations suicidaires et tentatives de suicide des clients


A propos des auteurs:

Geoff Twitchell est un psychologue clinicien agréé (California Board of Psychology 2000) qui a suivi une formation avancée en matière de toxicomanie et de traitement des troubles concomitants. Sa carrière dans le domaine de la toxicomanie a débuté il y a plus de 20 ans, lorsqu’il a travaillé avec le Dr Marc Schuckit (étude longitudinale de l’UCSD sur les facteurs de risque de l’alcoolisme). Le Dr Twitchell a ensuite publié ses travaux de doctorat de l’Université de l’État du Michigan sur les fondements biologiques de l’alcoolisme et la dysrégulation comportementale et affective qui y est associée.

En septembre 2013, le Dr Twitchell a pris ses fonctions de directeur des traitements pour le département de probation du comté de San Diego. À ce nouveau poste, il est chargé d’identifier, de mettre en œuvre et d’évaluer des traitements fondés sur des données probantes pour les adultes et les jeunes. Le Dr Twitchell assure la liaison clinique avec les tribunaux supérieurs pour mineurs et adultes, les prestataires de traitements communautaires, les services de santé comportementale, le département du shérif, le bureau du procureur et le bureau du défenseur public. Il copréside le comité de traitement des délinquants du comté, où son éducation et sa formation en matière d’évaluation clinique ont contribué à l’obtention de données valables et fiables sur la santé mentale, le risque de délinquance et la consommation de substances psychoactives, afin d’aider le processus judiciaire.

Melinda (Mindy) Hohman, Ph.D., MSW, est professeur et directrice de l’école de travail social de l’université d’État de San Diego. Elle donne des cours sur le traitement de la toxicomanie, la recherche, l’entretien motivationnel et la pratique du travail social. Elle a publié de nombreux articles sur l’entretien motivationnel, l’évaluation de la toxicomanie et les services de traitement, ainsi que sur les questions relatives aux femmes dans ce domaine. Elle est formatrice en entretien motivationnel (EM) depuis 1999, formant des travailleurs sociaux communautaires, des agents de protection de l’enfance, des agents de probation et des conseillers en toxicomanie dans le sud de la Californie et dans d’autres États. Elle est l’auteur du livre Motivational Interviewing in Social Work Practice. Le Dr Hohman donne chaque année un cours d’étude à l’étranger sur l’abus de substances et la réduction des risques, à Dublin, en Irlande.

Extrait: 

ENVIRON 4 357 000 ADULTES sont placés sous surveillance communautaire (milieu ouvert) aux États-Unis, la majorité d’entre eux (3 492 900) relevant des systèmes de probation des comtés (Oudekerk & Kaeble, 2021). Des études menées aux États-Unis et dans d’autres pays ont montré que les adultes en probation présentent un risque d’idées suicidaires, de tentatives ou de décès par suicide, selon le résultat étudié, trois à huit fois supérieur à celui de la population générale (Clark et al., 2013 ; Gunter et al., 2011 ; Sirdifield, Brooker, & Marples, 2020 ; Yu & Sung, 2015). Par exemple, Philips et ses collègues (2015) ont constaté un taux annuel de décès par suicide de 118 pour 100 000 chez les personnes sous surveillance communautaire, contre 13,6 pour 100 000 dans la population générale, âgée de 30 à 49 ans, et le taux était encore plus élevé chez les femmes sous surveillance de probation, à 146 pour 100 000 dans la même catégorie d’âge.

Les efforts actuels de réforme de la justice pénale confèrent aux agents de probation et de libération conditionnelle des responsabilités accrues. Ces réformes mettent notamment l’accent sur une alliance de travail avec les clients et sur l’utilisation de pratiques fondées sur des données probantes pour remplacer les stratégies plus traditionnelles utilisées en détention (Bogue, 2020 ; Bonta & Andrews, 2017 ; Clark, 2021 ; Gunter et al., 2011). Les agents de probation sont en mesure d’identifier les clients susceptibles de présenter un risque de suicide et de les orienter de manière appropriée, si nécessaire, à la fois dans le cadre du processus d’évaluation et au-delà, lors de la supervision de routine (Borrill, Cook et Beck, 2017 ; Mackenzie et al., 2018). Cependant, la discussion sur le suicide est souvent inconfortable tant pour les clients que pour les agents de probation. Les clients eux-mêmes peuvent être réticents à divulguer leurs pensées ou comportements suicidaires en raison de la stigmatisation, de la possibilité d’une réaction de soutien ou d’un traitement non désiré (Hom, Stanley, Podlogar, & Joiner, 2017 ; Mayer et al., 2020 ; Sheehan et al., 2019). Comme d’autres professionnels de l’aide, les agents de probation peuvent éviter de parler du suicide par crainte d’augmenter la probabilité qu’un suicide se produise, par anxiété quant à la façon de gérer une situation où un client révèle des idées ou des tentatives de suicide, par sentiment d’agir en dehors de leur champ d’expertise ou par manque de compétences pour savoir comment guider la discussion (Freedenthal, 2018 ; McCabe, Sterno, Priebe, Barnes, & Byng, 2017). Cet article explore les idées de suicide et les tentatives de suicide chez les clients des services de probation et de libération conditionnelle et discute des avantages potentiels de l’utilisation de l’entretien motivationnel (EM) comme méthode de communication pour fournir un cadre permettant d’aider les agents de probation à dépasser l’évitement du sujet, en particulier s’il émerge lors des visites de routine. Nous sommes conscients qu’il n’est pas du ressort des agents de probation de traiter les clients qui sont aux prises avec ces problèmes. Cependant, étant donné le taux élevé de comportements et d’idées suicidaires chez les clients, l’agent de probation peut, peut-être, être la première personne à reconnaître qu’une personne envisage de se suicider et à intervenir de manière à ce que cette personne soit orientée vers le prestataire de soins approprié. Pour illustrer la façon dont l’EM peut s’intégrer dans ce processus, nous présentons un exemple de vignette clinique et de dialogue.

(…)

Discussion

Le taux de tentatives de suicide et de décès est plus élevé dans la population pénale que dans la population générale (Yu & Sung, 2015). L’EM a déjà été introduit dans le travail de probation (Stinson & Clark, 2017) et fournit une méthode de communication lorsque les clients ont des pensées suicidaires ou ont tenté de se suicider. L’objectif d’une conversation EM entre un agent de probation et son client est de motiver le client à demander de l’aide, car la plupart des clients éprouvent une ambivalence entre le désir de vivre et le désir de mourir (Britton, 2015). La discussion sur les pensées suicidaires et/ou les tentatives de suicide est intimidante et délicate, mais ces conversations peuvent être extrêmement influentes pour orienter les clients dans une direction positive (Dazzi et al., 2014). Le personnel de probation peut s’inquiéter de la responsabilité (Viglione, 2019) ou croire qu’engager une telle conversation dépasse son champ de pratique. L’utilisation de l’EM par les CPIP peut également être inconfortable, en particulier pour ceux qui sont habitués à des méthodes de communication plus directives (Viglione, Rudes, & Taxman, 2017). Le modèle présenté fournit toutefois un guide pour l’utilisation de l’EM dans ces conversations difficiles. Même s’il ne rend pas toujours ces discussions  » plus faciles « , il fournit un cadre pour insuffler de l’espoir ainsi que des options pour accéder à une aide plus professionnelle, ouvrant ainsi une nouvelle voie pour le personnel. Les CPIP doivent également connaître les ressources communautaires en matière de santé mentale. Le regroupement ou l’inclusion de professionnels de la santé mentale dans l’équipe de routine favorise une approche interprofessionnelle plus complète pour répondre aux besoins complexes de l’importante population placée sous surveillance communautaire.

Les CPIP peuvent être particulièrement attentifs à la mise en place et au maintien d’une structure pour leur travail avec les clients, ainsi qu’à l’approche de ces derniers dans l’esprit de l’EM. Cela permet de développer une relation de confiance ainsi qu’un sentiment de prévisibilité et de sécurité pour le client (Clark, 2021). Le maintien d’heures régulières de rendez-vous, d’un lieu de travail, de prestataires référencés et d’un CPIP assigné, dans la mesure du possible, crée également un sentiment de contrôle sur sa vie et un sentiment de connexion (Borrill, Cook, & Beck, 2017). Les rendez-vous manqués sur un lieu de travail, avec un prestataire de santé mentale ou lors d’un rendez-vous avec le CPIP peuvent être le signe d’une détresse émotionnelle et nécessiter un suivi. Le risque est toujours possible même si le client nie avoir des idées de suicide ou s’y préparer, en particulier dans le contexte de facteurs de stress psychosociaux (Nagdimon et al., 2021). Ces facteurs de stress peuvent être traités par une aide au logement, à l’emploi, aux questions financières, etc. (Yu et al., 2014).

La formation interprofessionnelle entre les prestataires de probation et de santé mentale pourrait inclure l’EM pour aider à améliorer les compétences d’engagement des CPIP lorsqu’ils cherchent à développer un changement de comportement avec les probationnaires et les libérés conditionnels. Elle peut aussi fournir simultanément le soutien nécessaire aux agents de probation pour répondre aux besoins de santé mentale, y compris les idées suicidaires et le risque de tentative de suicide, ce qui maximise la sécurité et la réussite de la réinsertion des probationnaires et des libérés conditionnels (Twitchell, Hohman, & Gaston, 2021). La formation doit également porter sur les attitudes personnelles des professionnels à l’égard des idées et des tentatives de suicide. La stigmatisation et la honte qui entourent le suicide sont répandues dans notre culture et étouffent souvent les voix de ceux qui ont besoin d’en parler (Mayer et al., 2020).

Article complet (FR): Faciliter la conversation pour les agents de probation _ Utiliser l’entretien motivationnel pour discuter des idéations suicidaires et tentatives de suicide des clients

Article original (ENG): https://www.uscourts.gov/sites/default/files/85_3_6_0.pdf

 

US (2020) Comprendre les conséquences du suicide des agents pénitentiaires

Cet article traite du suicide des agents pénitentiaires et examine le taux élevé de suicides chez les agents pénitentiaires travaillant pour le Massachusetts Department of Correction (MADOC) entre 2010 et 2015.

Entre 2010 et 2015, au moins 20 agents pénitentiaires travaillant pour le Massachusetts Department of Correction (MADOC) sont décédés par suicide. Le taux de suicide moyen des agents pénitentiaires du MADOC au cours de cette période était d’environ 105 pour 100 000 – un taux au moins sept fois supérieur au taux de suicide national (14 pour 100 000), et presque 12 fois supérieur au taux de suicide pour l’État du Massachusetts (9 pour 100 000). Certains comtés du Massachusetts ont également signalé la perte de plusieurs agents pour cause de suicide au cours de la même période, ce qui laisse penser que le phénomène observé dans les prisons de l’État se répercute dans les établissements correctionnels des comtés. Même dans le contexte de l’augmentation des taux de suicide dans tout le pays, et compte tenu du risque élevé de suicide dans les services de protection, le nombre de suicides parmi les agents pénitentiaires du Massachusetts est déconcertant.

Notre équipe de recherche de la Northeastern University a d’abord appris l’existence d’un nombre croissant de suicides lors d’entretiens avec des officiers et des sergents qui participaient à une étude sur le stress professionnel. Au cours de ces entretiens, un certain nombre d’officiers ont fait part de leur inquiétude concernant les récents suicides de leurs collègues, et plusieurs d’entre eux ont indiqué qu’ils ne participaient à l’étude sur le stress que parce qu’ils étaient préoccupés par ces suicides. Nous avons dû interrompre temporairement les entretiens dans l’un des établissements pénitentiaires lorsque nous avons appris qu’un autre agent qui y travaillait venait de se suicider. À peu près à la même époque, un programme d’information local de la chaîne Fox a diffusé plusieurs reportages sur l’augmentation du nombre de suicides d’agents au MADOC, en mettant en scène certaines des familles des agents décédés.

Prévention du suicide

En tant que chercheurs universitaires travaillant déjà avec un service correctionnel de l’État motivé pour s’attaquer aux suicides qu’ils considéraient eux aussi comme un problème croissant, nous avons demandé au MADOC de nous fournir davantage d’informations. Nous pensions pouvoir déceler un modèle identifiable dans les données fournies. Nous avons été surpris de constater qu’il n’y avait rien d’évident. Les agents décédés entre 2010 et 2015 comprenaient des hommes et des femmes, à peu près proportionnellement à leur représentation dans la force de travail (qui est dominée par les hommes). Ils étaient âgés de 23 à 62 ans et avaient fait des carrières dans des établissements pénitentiaires allant de six mois à 32 ans. Moins de la moitié d’entre elles avaient un passé militaire. Parmi les personnes décédées par suicide, on trouve des officiers, des sergents, des lieutenants et des capitaines. Plusieurs d’entre eux avaient occupé le poste de directeur adjoint ou un poste plus élevé. La plupart des 16 prisons de l’État ont connu au moins un suicide d’officier, une poignée d’entre elles ayant connu plusieurs suicides. Certaines années, il y a eu quatre ou cinq suicides. Les seules caractéristiques extérieures évidentes que ces agents avaient en commun étaient qu’ils travaillaient tous à l’époque, ou avaient travaillé, pour le MADOC, et qu’ils étaient tous morts par suicide.

En 2016, mon collègue Carlos Monteiro et moi-même avons reçu une subvention fédérale du National Institute of Justice pour travailler avec le MADOC à la réalisation d’une vaste étude de méthodes mixtes sur le suicide dans les établissements pénitentiaires. Nous avons défini cinq objectifs principaux pour ce travail :

  • Développer une compréhension nuancée du contexte dans lequel le suicide des agents s’est produit ;
  • Évaluer de manière exhaustive les nombreux impacts du suicide des agents correctionnels sur les familles, les amis et les collègues ;
  • Mieux comprendre l’impact des suicides d’agents sur l’environnement institutionnel ;
  • Identifier les corrélats (et les facteurs de risque) de l’anxiété, de la dépression, du stress post-traumatique et des idées suicidaires ;
  • et Comprendre comment la structure, la fonction et la composition des réseaux sociaux des agents peuvent être liées aux idées suicidaires, ainsi qu’aux indicateurs de bien-être.

Stigmatisation et impact

En tant que personne ayant perdu un membre de sa famille immédiate par suicide, et sachant qu’il est impossible de se remettre complètement de la perte d’un être cher par suicide, il était extrêmement important pour moi personnellement que nous représentions les officiers décédés par suicide comme étant plus que de simples statistiques dans une étude de recherche financée par le gouvernement fédéral. Les policiers décédés étaient des individus dont les familles et les amis les aimaient et qui auraient fait tout ce qui était nécessaire pour empêcher le suicide, s’ils l’avaient pu. Compte tenu de la stigmatisation encore associée au suicide, nous avons estimé qu’il était particulièrement important de décrire la vie des officiers de la manière la plus complète possible, afin de décrire la manière dont ils avaient vécu, plutôt que de se concentrer exclusivement sur la manière dont ils étaient morts.

Nous avons également reconnu que, pour ceux qui restent, la perte d’un suicide est différente de tout autre type de décès, et qu’il est extrêmement difficile de décrire les impacts à quelqu’un qui n’est pas passé par là. Néanmoins, nous avons voulu essayer de transmettre les histoires de ces officiers avec une authenticité qui ne peut être relayée que par les mots de ceux qui ont connu la personne décédée le plus intimement.

Afin de donner à ceux qui connaissaient le mieux ces officiers la possibilité de raconter l’histoire de leur proche, nous avons entrepris de trouver et d’interroger les membres de la famille et les amis proches des 20 officiers décédés par suicide au cours de la période que nous avons étudiée. Nous avons utilisé les notices nécrologiques des officiers, accessibles au public, et avons essayé de contacter chacune des personnes citées comme survivantes. Nous avons contacté les parents, les frères et sœurs, les conjoints, les enfants adultes et la famille élargie. Nous avons essayé de trouver des amis proches qui avaient présenté leurs condoléances sur des sites Internet accessibles au public. Le comité d’examen institutionnel de l’université de Northeastern, qui veille à la protection des sujets humains lors des expériences de recherche, a exigé que nous essayions de contacter chaque personne au maximum deux fois, par le biais d’une lettre postée à la dernière adresse connue de la personne, et que nous n’allions pas plus loin tant que nous n’avions pas reçu en retour une communication écrite exprimant un intérêt affirmatif pour un entretien avec l’équipe de recherche.

Compte tenu de ces restrictions, nous craignions que peu de personnes nous répondent et que la portée de nos études de cas se limite à l’examen des dossiers du personnel et d’autres documents fournis par le ministère.

En fait, la réponse à notre démarche auprès des familles a été extraordinaire. En octobre 2019, nous avions reçu des nouvelles des familles et des amis de 17 des 20 officiers. Nous leur sommes profondément reconnaissants d’avoir accepté de nous parler, car même si nos études de cas ne se limitent pas à des entretiens avec la famille et les amis, nous avons estimé que nous ne pourrions rendre pleinement justice à la vie de ces agents que si nous en apprenions également sur eux de la part de leur famille immédiate et de leurs amis. Nous avons compris que, pour certaines familles, la participation était tout simplement trop difficile et l’expérience encore trop douloureuse pour être racontée. Nous les remercions également pour leur correspondance.

Tous nos entretiens ont été menés en personne, souvent au domicile des membres de la famille de l’officier, et nous avons commencé chaque entretien en demandant un souvenir favori de l’officier. Cela a permis aux familles de partager d’abord les expériences positives qu’elles avaient eues avec leur proche. Bien qu’elles n’aient pas été invitées à le faire, la plupart des familles ont apporté des photos, plusieurs nous ont envoyé ou montré des vidéos, et certaines nous ont fait part de choses que leur proche avait écrites. Toutes les familles nous ont donné de riches descriptions de la vie des officiers. L’amour que ces familles et amis portaient aux officiers était tout à fait évident, et la profondeur de leur perte était palpable. Nous avons été touchés par leur volonté de partager les bons souvenirs et de parler à des étrangers de ce qui a souvent été l’événement le plus dévastateur de leur vie. Nous avons quitté les entretiens avec le sentiment d’avoir appris à connaître personnellement ces officiers, même si ce n’est que brièvement. Bien que je n’aie jamais eu l’occasion de rencontrer l’un d’entre eux, je peux évoquer leur image à la vue de leur nom.

Malheureusement, lorsque nous avons interrogé des agents travaillant actuellement pour le département dans le cadre de la deuxième phase de la recherche, nous avons appris que d’autres agents étaient morts par suicide au cours de la période 2010-2015, et nous continuons donc à travailler sur ces études de cas. Bien que nous ne puissions encore rien affirmer de définitif, nous pouvons dire avec un degré de confiance relativement élevé qu’il y avait au moins trois types de cas distincts, et nous pouvons partager certains thèmes préliminaires émergents communs à ces trois types.

Pour être clair, le suicide a été choquant et dévastateur pour toutes les familles avec lesquelles nous avons passé du temps. Cependant, dans le cas de certains agents décédés par suicide, la famille a expliqué qu’il y avait eu des antécédents relativement longs d’anxiété, de dépression, ou les deux. Dans plusieurs cas, il y avait eu des tentatives de suicide antérieures – dans certains cas, les tentatives remontaient à l’adolescence. La famille savait que l’agent était en difficulté et ses membres faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour intervenir. Même dans ces familles, l’événement suicidaire était imprévu et imprévisible.

Prévenir l’inattendu

Dans une série de cas apparentés, il n’y avait pas d’antécédents connus de problèmes de santé mentale, mais les policiers étaient connus pour être en proie à des difficultés personnelles particulièrement graves au moment de leur décès. Ces policiers avaient tendance à être perçus comme stables sur le plan émotionnel et comportemental jusqu’à ce qu’ils soient confrontés à un défi particulièrement important et récent dans leur vie. Bien que ces difficultés aient été dans certains cas clairement liées au travail, plusieurs policiers ayant fait l’objet de mesures disciplinaires ou de rétrogradations, elles étaient le plus souvent d’ordre personnel. Pour presque tous les policiers, les luttes personnelles et professionnelles étaient inextricables.

Plusieurs d’entre eux étaient au milieu de divorces difficiles et de litiges concernant la garde des enfants. Un certain nombre d’entre eux étaient aux prises avec des problèmes croissants de toxicomanie. Certains luttaient contre des douleurs chroniques dues à des blessures, souvent subies au travail. Plusieurs se battaient avec le service pour faire reconnaître les effets persistants de ces blessures professionnelles. Dans ces cas, qui sont à peu près égaux au nombre d’agents ayant des antécédents connus en matière de santé mentale, il y a eu des événements déclencheurs clairs. Ces agents étaient confrontés à une crise existentielle permanente et leurs familles étaient préoccupées, mais généralement pas par le risque de suicide. Souvent, il s’agissait d’officiers qui avaient récemment pris leur retraite ou qui espéraient le faire bientôt.

Enfin, il y a eu une poignée de cas où il n’y avait littéralement aucun signe de lutte préexistante que la famille ou les amis aient pu identifier. Pour la famille, ces suicides semblaient sortir de nulle part et avoir été déclenchés par un seul événement. Nous décrivons ces suicides comme des suicides impulsifs – ces officiers semblent avoir simplement perdu le sens de la mesure à un moment donné, prenant une décision instantanée aux conséquences dévastatrices et durables. Dans ces cas, il y a eu un événement déclencheur, mais aucun des signes précurseurs. Ces agents étaient généralement parmi les plus jeunes, et leur mort est l’une des plus difficiles à comprendre.

Comme on peut déjà s’en douter, il est difficile de généraliser ces cas. Au fur et à mesure que nous avons appris à « connaître » ces agents grâce à notre méthodologie d’étude de cas approfondie, nous nous sommes rendu compte qu’il serait extrêmement difficile de les décrire en termes collectifs sans reconnaître plus de différences que de points communs. En utilisant ce que nous avons appris des familles et des amis pour écrire sur les officiers, très probablement dans un livre que nous prévoyons d’écrire au cours de l’année à venir, nous ferons de notre mieux pour respecter notre engagement de raconter les histoires de la vie des officiers et pas seulement de leur mort.

Recherche sur le bien-être au travail

En juin 2018, nous avons lancé la deuxième phase de cette recherche, qui comprend des entretiens individuels avec des officiers de tous grades qui travaillent actuellement au MADOC. L’entrevue est menée sur leur lieu de travail, pendant leur quart de travail, dans une salle privée avec l’un de nos intervieweurs. Nous avons mené ces entretiens intensifs avec un échantillon aléatoire de plus de 300 officiers dans toutes les installations du MADOC. Nous avons mené près de 100 entretiens supplémentaires avec des agents qui se sont portés volontaires pour nous parler, dont certains connaissaient au moins l’un des agents décédés. En octobre 2019, il ne nous restait plus qu’une poignée d’entretiens à réaliser.

Dans le cadre de ces entretiens, nous posons aux agents des questions sur leur propre santé et leur bien-être. Nous leur posons également des questions sur leurs expériences personnelles en matière de suicide, notamment pour savoir s’ils connaissaient (et dans quelle mesure) l’un des agents décédés par suicide. Nous leur administrons une série d’instruments validés pour évaluer les niveaux d’anxiété, de dépression, de stress post-traumatique et d’idées suicidaires qu’ils déclarent eux-mêmes. Nous leur posons des questions sur leurs habitudes de sommeil et leur consommation d’alcool, sur leur niveau de stress et sur l’importance des conflits dans leur vie professionnelle et familiale. Nous leur demandons ce qu’ils pensent que le département devrait faire pour lutter contre le suicide.

La partie la plus innovante de notre travail de deuxième phase est peut-être notre analyse égocentrique du réseau social – un outil utilisé pour comprendre la structure et la fonction des liens du réseau d’un individu. Nous commençons l’entretien par une série de questions sur les personnes que l’agent connaît, en qui il a confiance ou sur lesquelles il peut compter pour différents types de besoins. Nous posons ensuite des questions sur les personnes citées, notamment sur le degré de connaissance de chacune d’entre elles. Nous espérons que cet aspect de notre étude nous aidera à mieux comprendre la taille, la structure et la densité des réseaux sociaux des agents, ainsi que les fonctions de protection (ou d’isolement) que ces réseaux sociaux peuvent remplir. Nous craignons que les réseaux sociaux de certains policiers deviennent plus restreints et leurs mondes sociaux plus isolés à mesure qu’ils s’intègrent davantage dans le travail correctionnel. Nous sommes particulièrement préoccupés par les effets que le travail posté et certains quarts de travail peuvent avoir sur la vie personnelle et professionnelle des agents. Nous prévoyons que l’analyse des réseaux sociaux ne fera que gagner en importance lorsque nous commencerons à développer une étude longitudinale qui suivra le bien-être des agents au fil du temps (à partir de l’académie).

Promouvoir le bien-être mental

Alors que nous parcourons le pays pour décrire nos recherches et partager ce que nous apprenons, je suis frappée par le nombre de fois où je suis abordée par un agent ou un administrateur d’un service correctionnel d’un autre État qui souhaite partager le fait qu’ils ont eux aussi perdu récemment un nombre disproportionné (et souvent choquant) de collègues à cause d’un suicide. Ces trois dernières années, nous avons appris que ce que nous pensions être une anomalie ne l’était probablement pas du tout.

Nous commençons à peine à analyser les nombreuses données que nous avons recueillies au cours de ces trois dernières années. En 2020, nous espérons pouvoir partager les résultats de cette recherche avec les familles qui ont perdu un être cher, ainsi qu’avec la communauté pénitentiaire et les forces de l’ordre au sens large. Bien que nous soyons convaincus qu’il est presque impossible de prédire le suicide et qu’il est donc extrêmement difficile de le prévenir, nous espérons utiliser nos découvertes pour mieux comprendre certains des facteurs de risque d’anxiété, de dépression, de stress post-traumatique et d’idées suicidaires qui peuvent servir de précurseurs au suicide.

Comme les familles qui ont accepté de nous rencontrer pour partager quelques souvenirs et décrire l’impact dévastateur de la perte de leur mari, femme, fils, fille, père, frère, sœur, oncle ou meilleur ami, nous espérons que ce travail permettra un jour à la famille d’un autre officier de ne jamais avoir à connaître la douleur persistante du suicide.

BBC (2013) L’automutilation est « quatre fois plus fréquente » chez les femmes détenues

BBC (2013) L’automutilation est « quatre fois plus fréquente » chez les femmes détenues

L’automutilation est un problème grave pour les femmes en prison, qui ne représentent que 5 % de la population carcérale mais la moitié des incidents d’automutilation, affirment des chercheurs de l’Université d’Oxford.

Selon une étude publiée dans The Lancet, près d’un quart des détenues se coupent, se scarifient ou s’empoisonnent.

L’automutilation s’est également révélée être un facteur de risque important de suicide en prison, en particulier chez les hommes.

Les experts estiment qu’il faut faire davantage pour réduire les taux d’automutilation dans les prisons.

L’équipe de recherche d’Oxford a examiné les incidents liés à l’automutilation dans toutes les prisons d’Angleterre et du Pays de Galles entre 2004 et 2009.

Elle a constaté que 5 à 6 % des hommes détenus et 20 à 24 % des femmes détenues se blessaient délibérément chaque année, ce qui représente 20 000 à 25 000 incidents par an.

Ce chiffre est à comparer au taux de 0,6 % de la population générale du Royaume-Uni.

Risque de suicide
Selon l’étude, l’automutilation répétée est fréquente et un petit groupe de 102 détenues s’automutile plus de 100 fois par an.

Les coupures et les scarifications sont les méthodes d’automutilation les plus fréquentes chez les hommes et les femmes, suivies par l’empoisonnement et l’overdose.

L’étude s’est également penchée sur les personnes les plus exposées au risque d’automutilation. Chez les femmes détenues, le fait d’avoir moins de 20 ans, d’être de race blanche, d’être dans une prison locale mixte ou de purger une peine d’emprisonnement à perpétuité constituait un facteur important.

Chez les hommes, les détenus à risque étaient généralement jeunes, blancs, détenus dans une prison de haute sécurité et condamnés à perpétuité ou non.

Les détenus qui s’automutilent présentent un risque de suicide « sensiblement plus élevé » que les autres détenus, en particulier chez les hommes.

Les détenus masculins plus âgés (de 30 à 49 ans) ayant des antécédents d’automutilation grave étaient les plus exposés.

Le Dr Seena Fazel, co-auteur de l’étude et membre du département de psychiatrie de l’Université d’Oxford, a déclaré que tous les détenus qui s’automutilent devraient être considérés comme un risque.

« Maintenant que nous savons dans quelle mesure le risque de suicide ultérieur chez les prisonniers qui s’automutilent est plus élevé que dans la population générale, les initiatives de prévention du suicide devraient être modifiées pour inclure une attention particulière aux prisonniers qui s’automutilent, en particulier de manière répétée.

Des soins intégrés
Dans un article publié dans The Lancet, le Dr Andrew Forrester, du King’s College de Londres, et le Dr Karen Slade, de l’université de Nottingham Trent, appellent à des recherches plus approfondies sur les moyens de réduire le taux d’automutilation dans les prisons d’Angleterre et du Pays de Galles.

« Les données disponibles indiquent que la collaboration entre plusieurs agences joue un rôle clé, car le suicide est l’affaire de tous et n’est pas l’apanage du seul personnel de santé.

« Nous devons investir dans l’inclusion de toutes les personnes qui, sur le terrain, peuvent écouter les détenus en détresse, mobiliser les inquiétudes et contribuer à la mise en place d’une prise en charge commune.

Andy Bell, directeur général adjoint du Centre pour la santé mentale, a déclaré qu’il était bien connu que les femmes en prison étaient plus susceptibles de souffrir de dépression, d’anxiété et de troubles de la personnalité borderline, ce qui peut les rendre extrêmement vulnérables.

Il a ajouté qu’il était important d’être conscient des personnes à risque à un stade précoce.

« Les femmes devraient avoir accès à un soutien et à des conseils en matière de santé mentale dans tous les commissariats de police. Cela devrait commencer dès leur arrestation, en particulier s’il y a des signes d’automutilation ou de mauvaise santé mentale. Nous devons intervenir rapidement pour arrêter le voyage ».

Une étude suggère qu’il n’y a pas de lien entre la surpopulation et les suicides en prison

BBC (2017) Une étude suggère qu’il n’y a pas de lien entre la surpopulation et les suicides en prison

Une étude internationale suggère qu’il n’y a pas de lien clair entre les suicides en prison et la surpopulation carcérale.

L’étude, publiée dans la revue Lancet Psychiatry (seena Fazel), s’est penchée sur près de 4 000 suicides en prison dans 24 pays, dont l’Angleterre et le Pays de Galles.

Elle a révélé que les décès survenus entre 2011 et 2014 étaient les plus nombreux dans les pays où les taux d’incarcération étaient les plus bas.

Les suicides en prison pourraient être réduits si l’on envoyait moins de personnes souffrant de maladies mentales en prison et si l’on améliorait les soins, ajoute l’étude.

Les chercheurs ont analysé 3 906 suicides en prison dans 20 pays européens, ainsi qu’aux États-Unis, au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande.

Ils ont constaté que les taux de suicide en prison variaient considérablement, allant de 23 pour 100 000 détenus aux États-Unis à 180 pour 100 000 détenus en Norvège.

L’étude n’a pas établi de lien entre les suicides et la surpopulation carcérale, sauf dans les pays à faible revenu où les cellules surpeuplées peuvent être une source de stress supplémentaire.

Elle a révélé qu’il y avait proportionnellement plus de morts auto-infligées dans les prisons de Norvège et de Suède, où la garde à vue est généralement réservée aux délinquants les plus violents et les plus dangereux, y compris ceux qui ont des problèmes de santé mentale.

Pas d’explications écologiques
Les taux de suicide dans les prisons britanniques ont été qualifiés de « scandale national » après qu’un nombre record de personnes se sont suicidées dans les prisons d’Angleterre et du Pays de Galles en 2016.

Le Prison Reform Trust a déclaré que la réduction des populations carcérales était le moyen de rendre les prisons sûres.

Mais ce dernier rapport indique que les suicides en prison « sont probablement le résultat d’une interaction complexe de différents facteurs, et ne sont pas simplement dus à l’environnement carcéral ».

« Dans l’ensemble, nos résultats suggèrent qu’il n’existe pas d’explication écologique simple au suicide en prison », indique le rapport.

« Il est plutôt probable qu’il soit dû à des interactions complexes entre des facteurs individuels et écologiques.

Il conclut que les initiatives de prévention du suicide doivent s’appuyer sur des « approches multidisciplinaires » qui prennent en compte les risques au niveau individuel et au niveau du système.

ZHONG, FAZEL et al. (2021) Facteurs de risque de suicide en milieu carcéral : revue systématique et méta-analyse

Facteurs de risque de suicide en milieu carcéral : revue systématique et méta-analyse (The Lancet)

Shaoling Zhong, Morwenna Senior, Rongqin Yu, Amanda Perry, Keith Hawton, Jenny Shaw, Seena Fazel

Résumé

Contexte

Les taux de suicide chez les personnes incarcérées sont élevés par rapport aux personnes d’âge et de sexe similaires qui vivent dans la communauté. Pour améliorer les évaluations et les interventions visant à réduire le risque de suicide, il faut disposer de données actualisées sur les facteurs de risque.
Notre objectif était d’examiner les facteurs de risque associés au suicide chez les détenus.

Méthodes

Nous avons réalisé une revue systématique et une méta-analyse actualisées des facteurs de risque de suicide chez les personnes incarcérées. Nous avons recherché dans cinq bases de données bibliographiques les articles publiés entre le 1er janvier 2006 et le 13 août 2020, et dans une base de données les articles publiés entre le 1er janvier 1973 et le 13 août 2020. Les études éligibles ont rapporté les facteurs de risque chez personnes décédées par suicide en prison et chez des témoins issus de la population carcérale générale. Deux examinateurs ont indépendamment extrait les données de chaque étude à l’aide d’un formulaire standardisé. Nous avons calculé les rapports de cotes (OR) regroupés à effets aléatoires pour l’association entre les facteurs de risque et les facteurs de risque. Nous avons calculé des rapports de cotes à effets aléatoires pour l’association du suicide avec des facteurs de risque démographiques, cliniques, criminologiques et institutionnels, et nous avons étudié l’hétérogénéité à l’aide d’analyses de sous-groupes et de méta-régression. Cette revue systématique est enregistrée auprès de PROSPERO, CRD42020137979.

Résultats

Nos recherches ont permis d’identifier 8041 enregistrements et d’utiliser 77 études éligibles provenant de 27 pays, y compris 35 351 suicides, dans l’analyse principale. Les facteurs cliniques les plus fortement associés au suicide étaient:

  • les idées suicidaires pendant la période d’incarcération actuelle (OR 15-2, 95% CI 8-5-27-0),
  • un antécédent de tentative de suicide (OR 8-2, 4-4-15-3),
  • et un diagnostic psychiatrique actuel (OR 6-4, 3-6-11-1).

Les facteurs institutionnels associés au suicide comprenaient:

  • l’occupation d’une cellule unique (OR 6-8, 2-3-19-8)
  • et l’absence de visites sociales (OR 1-9, 1-5-2-4).

Les facteurs criminologiques comprenaient :

  • le statut de prévenu (OR 3-6, 3-1-4-1),
  • le fait de purger une peine à perpétuité (OR 2-4, 1-3-4-6),
  • et le fait d’avoir été condamné pour un délit violent, en particulier l’homicide (OR 3-1, 2-2-4-2).

Interprétation

Plusieurs facteurs de risque modifiables, tels que le diagnostic psychiatrique, les idées suicidaires au cours de la période de détention actuelle et la cellule unique, ont été identifiés.
l’occupation d’une seule cellule, sont associés au suicide chez les personnes incarcérées. Les interventions devraient cibler ces facteurs de risque et inclure un meilleur accès à des soins de santé mentale fondés sur des données probantes. La compréhension d’autres facteurs associés au suicide pourrait améliorer la stratification des risques et l’allocation des ressources dans les services pénitentiaires.

Financement

Wellcome Trust, National Institute for Health Research Applied Research Collaboration Oxford and
Thames Valley

https://www.thelancet.com/action/showPdf?pii=S2468-2667%2820%2930233-4

Cours en ligne sur la prévention du suicide (CSCSP)

Cours en ligne sur la prévention du suicide (Centre suisse de compétence en matière d’exécution des sanctions pénales)

L’objectif du programme de formation interactif « Prévention du suicide » est, dans un premier temps, de sensibiliser le personnel à cette thématique. Comment détecter les facteurs de risque suicidaire et comment prendre les mesures de prévention appropriées ?

  • Structure : À l’aide d’informations, d’études de cas et d’exercices, les participant·e·s en ligne sont sensibilisé·e·s au repérage des situations de détention dans lesquelles le risque de suicide peut être accru.
  • Langues disponibles : français, allemand, italien
  • Durée : env. 30 minutes
  • Contact : Nadia Baggenstos, Nora Affolter

Vers la plateforme d’e-learning

Ressources documentaires suisses supplémentaires sur la prevention du suicide en détention:

THE COST OF PRISON SUICIDE (UK)

cost_of_prison_suicide

The Howard League for Penal Reform

Obviously the main cost of prison suicides are the emotional pain for the family and friends, prisoners and prison staff and for all those who knew the individual who died, as well as the tragedy of a life cut needlessly short.

The Howard League for Penal Reform has raised awareness about prison suicides for many years, with increased attention over recent months which has seen the prison suicide rate shoot up.

Yesterday (12 February 2016), they published a research briefing on the financial costs of prison suicides in a further attempt to galvanise government action in suicide prevention.

The headline figures are shocking:

There were 95 suicides in prison in the 12 months to September 2015. It is estimated that the cost of these suicides is at least £160m and could be as high as £300m

What are the costs of prison suicides?

There has been no published research on the economic costs of prison suicide. The costs resulting from a suicide in prison are likely to be substantially higher than the average cost of suicide (itself estimated at £1.67 million) due to the impact a death has on the prison service as well as wider society.

If costs for the 95 suicides in prison in the 12 months to September 2015 were equivalent to the costs of a suicide in the community this would amount to around £150m.

However, the Howard League argues that additional costs associated with deaths in custody will likely substantially raise these costs. Taking these into account, the costs could be anywhere between £160m and £300m. Some of the extra costs are detailed below:

Financial impact on prisons

A death in custody will have an economic impact on prison budgets. Staff have to comply with statutory duties following the death of a prisoner and this will impact on their working day. Resources will also be required to provide additional counselling and support for staff and prisoners affected by the death.

This is of particular concern at a time when the number of prison sector staff has been reduced so sharply – 30% over the last three years.

Additionally, and unsurprisingly, studies on the impact of suicide on frontline staff have shown it can lead to increased rates of sickness and absenteeism, resulting in additional costs.

lire la suite de l’article

Suicide des personnes écrouées en France : évolution et facteurs de risque (2014)

Géraldine Duthé, Angélique Hazard, Annie Kensey (2014) Revue Population-F, 69 (4), 2014, 007-038 : Suicide des personnes écrouées en France : évolution et facteurs de risque

L’univers carcéral est-il propice au suicide ? L’est-il davantage aujourd’hui? Dans un article de Population paru il y a près de 40 ans, Jean-Claude Chesnais établissait pour la France une nette sursuicidité des personnes détenues par rapport à la population libre. À partir des données administratives de la direction de l’Administration pénitentiaire du ministère de la Justice, Géraldine Duthé, Angélique Hazard et Annie Kensey mettent à leur tour en évidence la sursuicidité de la population masculine écrouée par rapport à la population générale. Tandis que les taux de suicide ont relativement peu varié au cours du temps dans la population générale, ils n’ont cessé d’augmenter en prison et y sont aujourd’hui sept fois plus fréquents qu’en milieu libre. Analysant le suicide des personnes écrouées entre 2006 et 2009, les auteurs identifient les principaux facteurs de risque liés à la condition carcérale

 

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The guardian (2014) Inmate suicide figures expose human toll of prison crisis

The guardian (17 octobre 2014) Inmate suicide figures expose human toll of prison crisis

  • Data obtained by Guardian reveals more than six prison suicides a month
  • Stories behind statistics show young men and mentally ill at high risk
  • Officials blame budget cuts for inadequate staff numbers and lack of training

The human toll of the crisis gripping prisons in England and Wales is exposed with new figures obtained by the Guardian revealing that 125 prisoners have killed themselves in 20 months – an average of more than six a month.

For the first time the Guardian has identified the individuals behind the statistics that show suicide is at its highest rate in prisons for nine years, and there is no sign that the scale of the tragedy is being checked.

The investigation, which examined all suicides between January 2013 and 28 August 2014, found four women and 121 men, aged between 18 and 74, killed themselves in the adult prison system.

Since then and up to 2 October another nine men, aged between 21 and 46, killed themselves, bringing the total number of self-inflicted deaths since January 2013 to 134. Three people killed themselves on one day, 1 September 2014.

The Prison Service ombudsman, Nigel Newcomen, described the deaths as “utterly unacceptable” in a modern age and said they reflected the “rising tide of despair” across the prison system. He said his recommendations to save future lives were being ignored.

“There is no question the Prison Service is more challenged now than [it has been] in a generation,” Newcomen said. “My job is to draw lessons from these individual human tragedies and I don’t think that adequate heed has been taken of them.”

He said the “appalling upsurge in suicides” meant there was a need to review the approach within prisons, including “more resources being applied”.

The Guardian looked at every case of suicide in the prison system over the 20-month period. Included among them

retrouvez l’intégralité de l’article sur le site du guardian