Formation des « pairs observateurs (« peers observers ») en Caroline du Sud

Formation des pairs observateurs

Peer-Observer-Training.pdf

« Une formation approfondie dispensée par le personnel compétent est essentielle pour garantir que les pairs observateurs travaillent conformément aux attentes et fournissent un service utile à l’établissement et aux détenus sous surveillance anti-suicide.
Cette formation sera obligatoire au départ et de manière récurrente afin de garantir que les pairs observateurs commencent leurs fonctions et restent, au fil du temps, prêts à réussir. Les exigences suivantes doivent être respectées en ce qui concerne la formation des pairs observateurs:

1. La formation initiale et continue de tous les pairs observateurs relève de la responsabilité du coordinateur du programme des pairs observateurs (POP).
2. Aucun détenu ne sera autorisé à observer un autre détenu sous surveillance anti-suicide sans avoir suivi avec succès la formation initiale des pairs observateurs à la satisfaction du coordinateur du POP.
3. La formation initiale des pairs observateurs comprend quatre heures d’enseignement et de développement des compétences dans les deux domaines suivants:
a. Aperçu du suicide.

Cette section comprend un accent particulier sur chacun des thèmes suivants :

    1. Impact/incidence du suicide
    2. Termes et définitions
    3. Stigmatisation
    4. Mythes sur le suicide
    5.  Identification des personnes à haut risque
    6.  Facteurs de risque
    7. Signes avant-coureurs
    8. Facteurs de protection
    9. Ambivalence
b. Devoirs d’un observateur.

Cette section se concentre spécifiquement sur chacun des thèmes suivants:

    1. « Tout est dans l’attitude »
    2. Écoute
    3. Limites
    4. Confidentialité
    5. Observation
    6. Réponse d’urgence
    7. Surveillance du suicide
    8. Documentation
4. Tous les observateurs pairs participant à la formation initiale des observateurs pairs.
    • Ils doivent recevoir un exemplaire individuel du manuel de formation POP, Ressource du programme K : Prévention du suicide : Formation pour les observateurs pairs.
    • Les pairs observateurs doivent conserver ce manuel et l’apporter lorsqu’ils participent à des modules de formation récurrents , car il servira de guide pour les sections de formation initiale et récurrente.
5. À l’issue de la formation initiale des pairs observateurs, le coordinateur POP peut déterminer que le délinquant n’est pas apte à commencer les observations.
Si tel est le cas, le délinquant peut répéter la formation dans son intégralité, certaines parties de la formation jugées nécessaires par le coordinateur POP, ou il peut être démis de ses fonctions d’observateur pair.
6. Tous les observateurs par les pairs participeront à une formation continue, en suivant au moins une heure par trimestre (quatre fois par an) de formation sur un ou plusieurs sujets spécifiques tirés de la ressource K du programme : Prévention du suicide : formation pour les observateurs par les pairs.
Le choix des thèmes de la formation trimestrielle, ainsi que la programmation et la coordination de cette formation, restent de la responsabilité du coordinateur POP. Cela inclut toute décision concernant les délinquants nécessitant une formation continue supplémentaire, ou tout délinquant jugé inapte par le coordinateur POP à poursuivre ses fonctions d’observation.

a. En ce qui concerne la formation continue, les « débriefings », qui sont décrits dans la section Procédures du manuel POP, du manuel POP, peuvent servir à satisfaire cette exigence à condition que le délinquant suive au moins une heure de formation par trimestre.

b. Les coordonnateurs POP doivent s’assurer que des registres écrits de toutes les formations offertes, y compris les formations initiales et continues, sont remplis et conservés. Ces registres doivent préciser :

      1. Date
      2. le contenu ou le sujet (par exemple « initiale », « continue : identification des personnes à haut risque » ou « continue : débriefing »)
      3. le nom des participants et leur numéro OPUS
      4.  les commentaires, le cas échéant

c. Il est recommandé de conserver ces registres écrits sur un formulaire tel que le formulaire J : Registre de formation.

 Prévention du suicide en prison : L’impact de la « prévention par les pairs » (ex des CDS en France)

Les prisons sont confrontées à un défi critique : la prévention du suicide. Avec des taux de suicide dépassant parfois ceux de la population générale (27 pour 100 000 détenus en 2019), les établissements pénitentiaires cherchent des solutions innovantes. Une étude récente publiée dans le Journal of Correctional Health Care révèle comment des programmes de « safety compagnons » (compagnons de sécurité) – des détenus formés pour soutenir leurs pairs en crise – émergent comme une stratégie prometteuse.

Les faits saillants de l’étude

1. Étendue des programmes :

  • Seuls 16 États américains + l’administration fédérale (BOP) ont des politiques formalisées utilisant des détenus comme compagnons.
  • 3 États supplémentaires auraient des programmes non documentés.

2. Rôles des compagnons :

  • Observation (56% des programmes) : Surveiller les détenus à risque, prévenir les tentatives.
  • Soutien relationnel (38%) : Écoute active, mentorat pour réduire l’isolement.
  • Documentation (63%) : Tenue de registres sur l’état des personnes surveillées.

3. Sélection et formation :

  •  Critères stricts : Antécédents disciplinaires, stabilité psychologique (63% des politiques), aptitude physique.
  •  Formation : Détection des signes de crise (50%), confidentialité (56%), gestion des urgences.

4. Bénéfices tangibles :

  • Réduction des coûts : Un centre fédéral a économisé 30 000$ en heures supplémentaires sur 1 an.
  • Impact psychologique : Moins de solitude chez les détenus à risque, sentiment d’utilité chez les compagnons.

Les défis à relever

  • Priorité à la surveillance : La majorité des programmes américains se concentrent sur l’observation plutôt que le soutien émotionnel, contrairement à l’Europe ou au Canada (ex. : programmes « Samaritains »).
  • Risques éthiques : Crainte de négligence, motivations peu altruistes des compagnons, ou substitution aux soins professionnels.
  • Manque d’uniformité : Supervision variable (38% exigent un contrôle toutes les 15-60 min), rémunération inégale (63% payés, 6% certifiés).

Pourquoi ces programmes sont-ils essentiels?

  • Complément vital : Dans un contexte de sous-effectifs médicaux et de culture carcérale défavorable à la recherche d’aide, les pairs sont plus accessibles, surtout la nuit.
  • Double impact :
    •  Chez les détenus à risque : Réduction de l’isolement et du désespoir.
    • Chez les compagnons : Développement de compétences, certification valorisante (ex. : Spécialiste Certifié en Pennsylvanie).

Vers une approche humaine et efficace

Les « compagnons de sécurité » ne remplacent pas les soins professionnels, mais ils offrent une réponse humaine à la crise suicidaire en détention. Pour maximiser leur impact :

  • Intégrer un volet relationnel(mentorat, écoute) et superviser rigoureusement les compagnons.
  • Soutenir la recherche comparant l’efficacité des modèles « observation seule » vs « soutien global ».

Source : Tartaro, C. & Klenk, S. (2023). « Utilizing Peer Safety Companions to Prevent Suicide in Prisons ». Journal of Correctional Health Care.