L’outil SAFE-T (Suicide Assessment Five-Step Evaluation and Triage)

L’outil SAFE-T (Suicide Assessment Five-Step Evaluation and Triage) est un protocole structuré destiné aux professionnels de la santé mentale pour évaluer le risque suicidaire et orienter les interventions appropriées. Développé par la Substance Abuse and Mental Health Services Administration (SAMHSA), il est largement utilisé aux États-Unis et dans d’autres pays pour guider les cliniciens dans l’identification et la gestion des comportements suicidaires.

Présentation du protocole SAFE-T

Le SAFE-T repose sur cinq étapes clés permettant une évaluation complète et systématique :oudecho.iu.edu

  1. Identification des facteurs de risque
    Cela inclut les antécédents personnels ou familiaux de tentatives de suicide, les troubles mentaux (comme la dépression ou les troubles bipolaires), la consommation de substances, les pertes récentes, l’isolement social, etc.

  2. Identification des facteurs protecteurs
    Il s’agit de repérer les éléments pouvant réduire le risque suicidaire, tels que le soutien familial ou social, la spiritualité, l’accès aux soins, les compétences en résolution de problèmes, etc.

  3. Enquête sur les idées suicidaires
    Cette étape consiste à interroger le patient sur la présence d’idées suicidaires, l’existence d’un plan précis, l’intention de passage à l’acte et les comportements antérieurs.

  4. Détermination du niveau de risque et des interventions
    En fonction des informations recueillies, le clinicien évalue le niveau de risque (faible, modéré, élevé) et détermine les interventions appropriées, qui peuvent aller d’une surveillance accrue à une hospitalisation.

  5. Documentation et planification du suivi
    Il est essentiel de consigner l’évaluation, les décisions prises et de planifier un suivi adapté pour assurer la continuité des soins.

Ce protocole est conçu pour être utilisé lors du premier contact avec un individu à risque, notamment dans les services d’urgence, les cliniques externes ou les contextes communautaires. Il peut être intégré aux dossiers médicaux électroniques pour faciliter la documentation et le suivi .​


📄 Ressources disponibles

  • Carte de poche SAFE-T (en anglais) : un guide succinct pour les cliniciens, disponible en téléchargement sur le site de la SAMHSA .​

  • Adaptations françaises : Bien que le protocole SAFE-T n’ait pas encore de traduction officielle en français, des initiatives similaires, comme la traduction et l’adaptation de l’intervention de planification de la sécurité (Safety Planning Intervention) pour la prévention des tentatives de suicide, ont été réalisées .​researchgate.net

Plan de Protection Personnel


Intégration avec d’autres outils

Le SAFE-T peut être utilisé en complément d’autres instruments d’évaluation du risque suicidaire, tels que l’échelle C-SSRS (Columbia-Suicide Severity Rating Scale), qui offre une évaluation plus détaillée des pensées et comportements suicidaires .​api.dadeschools.net


Avantages du SAFE-T

  • Structuration de l’évaluation : permet une approche systématique et complète.Default

  • Facilité d’utilisation : conçu pour être rapide et adaptable à divers contextes cliniques.

  • Documentation claire : facilite la traçabilité des évaluations et des décisions cliniques.

  • Adaptabilité : peut être intégré à différents systèmes de soins et utilisé en conjonction avec d’autres outils.


 

https://library.samhsa.gov/sites/default/files/safet-flyer-pep24-01-036.pdf

Masha Linehan : « les patients TCD étaient moins susceptibles de s’automutiler et plus susceptibles de rester en thérapie par rapport aux traitements standards »

La prévention du suicide est une question de santé publique cruciale, avec des organisations comme l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) mettant l’accent sur des stratégies basées sur des preuves. Marsha Linehan, professeure émérite de psychologie à l’Université de Washington, est une figure clé dans ce domaine, en particulier à travers son travail sur la TCD. Ses recherches se sont concentrées sur l’application de modèles comportementaux aux comportements suicidaires, à l’abus de substances et au TPL, avec un accent particulier sur la suicidabilité chronique.
Des données récentes des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) indiquent plus de 49 000 décès par suicide en 2023, soulignant l’urgence d’interventions efficaces (Suicide Data and Statistics | Suicide Prevention | CDC).
Le travail de Linehan s’aligne avec des initiatives comme l’équipe de recherche sur le suicide du National Institute of Mental Health (NIMH), formée en 2019, visant à réduire les taux de suicide de 20 % d’ici 2025 (Suicide Research – National Institute of Mental Health (NIMH)).
Identification des contributions clés
La contribution principale de Linehan est le développement de la TCD, publié pour la première fois en 1991 dans Archives of General Psychiatry, démontrant son efficacité pour les patients TPL avec des comportements suicidaires. Son travail a été reconnu avec des prix tels que le Louis Israel Dublin Award for Lifetime Achievement in the Field of Suicide et le Distinguished Research in Suicide Award de l’American Foundation for Suicide Prevention (Marsha M. Linehan – Wikipedia).
De plus, une annonce récente du 8 avril 2025 mentionne qu’elle recevra le Lifetime Achievement Research Award de l’American Foundation for Suicide Prevention, soulignant son impact continu (People – University of Washington Department of Psychology).
Détails sur la TCD pour la prévention du suicide
La TCD est une psychothérapie basée sur des preuves qui intègre la restructuration cognitive avec l’acceptation, la pleine conscience et le façonnage. Elle a été initialement développée pour les clients ne s’améliorant pas avec les méthodes existantes, débloquant de nouveaux moyens de traiter la suicidabilité chronique et le TPL. La thérapie inclut quatre catégories de compétences, comme détaillé dans le tableau suivant :
Catégorie de compétence TCD
Description
Pleine conscience
Aide les personnes à être présents et à gérer leurs émotions, réduisant les actes suicidaires impulsifs.
Tolérance au stress
Enseigne des techniques pour tolérer les crises sans recourir au suicide.
Régulation émotionnelle
Aide à gérer les émotions intenses qui peuvent mener à des idées suicidaires.
Efficacité interpersonnelle
Améliore les compétences sociales et la gestion des relations, réduisant le stress interpersonnel.
Un essai clinique de 1991 a montré que les patients TCD étaient moins susceptibles de s’automutiler et plus susceptibles de rester en thérapie par rapport aux traitements standards, un résultat soutenu par son travail aux Behavioral Research and Therapy Clinics, un consortium évaluant les traitements pour les populations suicidaires (Marsha Linehan | Behavioral Research & Therapy Clinics).
L’approche de Linehan inclut également l’analyse comportementale, des stratégies d’engagement pour réduire les comportements suicidaires et des stratégies dialectiques équilibrant l’acceptation et le changement. Ces composantes sont délivrées à travers une thérapie individuelle, une formation en groupe (généralement 24 semaines), un coaching téléphonique en temps réel et des équipes de consultation pour les thérapeutes, assurant un cadre de traitement complet.
Développement du Linehan Suicide Safety Net (LSSN)
Au-delà de la TCD, Linehan a développé le LSSN, un outil multimédia en ligne conçu pour soutenir les cliniciens travaillant avec des individus suicidaires. La caractéristique principale est le Linehan Risk Assessment and Management Protocol (LRAMP), un protocole dérivé empiriquement qui fournit une liste de contrôle structurée pour évaluer, gérer et documenter le risque de suicide. Une étude publiée en J Clin Psychol en 2017 (DOI : 10.1002/jclp.22331) a examiné son utilisabilité et son efficacité, impliquant 44 professionnels de la santé mentale sur une période de 3 mois. Les résultats ont montré :
  • Le LSSN était jugé acceptable et hautement utilisable.
  • Son utilisation était associée à une augmentation significative de la confiance dans la conduite de l’évaluation et de la gestion du risque de suicide.
  • Il y avait une diminution des préoccupations liées au traitement des clients suicidaires.
Cet outil semble prometteur pour les cliniciens, offrant une approche structurée à la gestion du risque de suicide (Evaluating a Multimedia Tool for Suicide Risk Assessment and Management: The Linehan Suicide Safety Net – PubMed).
Autres contributions et diffusion
Linehan a fondé Behavioral Tech LLC et Behavioral Tech Research, Inc., se concentrant sur la diffusion de traitements comportementaux basés sur la science. Son entreprise propose des programmes de formation, tels que l’atelier sur l’évaluation et la gestion du risque suicidaire, que le personnel a trouvé utile (Marsha Linehan: Dialectic Behavioral Therapy). Elle a également co-fondé le DBT-Linehan Board of Certification (DBT-LBC) pour assurer des fournisseurs de TCD basés sur des preuves, augmentant la portée mondiale de son travail.
Ses contributions théoriques incluent la modélisation du cycle des comportements suicidaires, comme vu dans sa publication “Modeling the suicidal behavior cycle: Understanding repeated suicide attempts among individuals with borderline personality disorder and a history of attempting suicide” (DOI : 10.1037/ccp0000496, PMC 7228857, PMID 32162931), qui explore les mécanismes sous-jacents aux tentatives répétées de suicide.
Outils pratiques pour la prévention du suicide
Pour les cliniciens, les principaux outils sont la TCD et le LSSN. La TCD implique un programme thérapeutique structuré, tandis que le LSSN offre une plateforme numérique pour l’évaluation du risque. Pour les patients, apprendre les compétences de TCD—pleine conscience, tolérance au stress, régulation émotionnelle et efficacité interpersonnelle—est crucial pour gérer les crises et réduire les comportements suicidaires. Les ressources de formation sont disponibles via Behavioral Tech (Behavioral Tech), y compris des formations à venir et des services de consultation.
Défis et controverses
Le domaine fait face à des défis, y compris des débats sur l’efficacité de certains traitements, comme les antidépresseurs chez les jeunes, que le travail de Linehan touche à travers son focus sur le TPL. La complexité de la prévention du suicide signifie que les approches peuvent varier selon l’individu et le contexte culturel, comme noté dans des articles comme ceux de The Lancet Public Health sur les approches de santé publique (Preventing suicide: a public health approach to a global problem – The Lancet Public Health).
Conclusion
Les travaux de Marsha Linehan ont révolutionné la prévention du suicide à travers la TCD et le LSSN, fournissant des outils thérapeutiques et cliniques. Ses recherches, soutenues par une reconnaissance mondiale et des initiatives de formation continues, continuent d’évoluer, abordant la nature sensible et complexe de la prévention du suicide au 30 avril 2025.

TCD et prévention du suicide: les apports de Marsha Linehan

La thérapie comportementale dialectique (TCD), développée par Marsha Linehan (1993), est un traitement très prometteur qui a révolutionné la prise en charge des troubles de la personnalité borderline, des pensées suicidaires et des psychotraumatismes.

La TCD a été utilisé très efficacement pour aider les personnes qui ont des difficultés à gérer leurs émotions et à nouer des relations étroites, et avec les personnes qui pensent à se faire du mal. La thérapie comportementale dialectique met l’accent sur les émotions – en particulier la façon dont nous apprenons à gérer les sentiments difficiles. Si vous vous êtes déjà trouvé émotions difficiles, et si ces émotions interfèrent avec vos relations, la TCD peut être très utile. Elle repose sur les hypothèses suivantes :

  • Si vos réactions émotionnelles ne sont pas prises en compte (par ceux qui ont pris soin de vous) lorsque vous êtes jeune, vous aurez peut-être des difficultés à identifier, étiqueter et gérer vos émotions à l’âge adulte.
  • Lorsque vous avez du mal à gérer vos émotions, cela se répercute sur vos relations avec les autres.
  • Nous augmentons souvent notre niveau de détresse en pensant à ce qui s’est déjà produit et à ce qui pourrait se produire dans le futur
  • La pleine conscience, qui est un ensemble de techniques permettant de revenir au moment présent, peut vous aider à gérer les émotions et les pensées pénibles.
  • Il est parfois efficace d’essayer de changer les émotions négatives, et parfois d’accepter ces émotions difficiles. Vous pouvez développer des compétences pour vous aider à décider de l’approche à adopter dans diverses situations.

Le traitement par la thérapie comportementale dialectique a été développé à l’origine pour traiter les troubles de la personnalité limite. Les personnes chez qui l’on diagnostique un trouble de la personnalité limite ont souvent des difficultés relationnelles et ont souvent des antécédents de pensées et d’actions suicidaires. Au cours des dernières années, la TCD a été utilisée pour aborder une variété de conditions, y compris le PTSD (Becker et Zayfert 2001).

Ce mode de thérapie comporte plusieurs aspects :

  • la pleine conscience,
  • l’efficacité interpersonnelle,
  • la régulation des émotions
  • et la tolérance à la détresse.

pour en savoir plus: http://depts.washington.edu/uwbrtc/resources/treatment-resources/

Videos en français sur les compétences enseignées dans la TCD: https://www.youtube.com/playlist?list=PLVlLbxLe1Eo7TlxEvhebgfdMVHzgiSts-

UK: Guide sur la prévention du suicide pour les professionnels de santé

Le document Framework for Suicide Risk Assessment and Management publié par le ministère de la Santé de la Nouvelle-Galles du Sud (NSW Health) est un guide essentiel pour les professionnels de santé, y compris les formateurs en prévention du suicide. Il fournit une structure détaillée pour l’évaluation et la gestion du risque suicidaire, applicable dans divers contextes cliniques.

🧭 Objectifs du cadre

Ce cadre vise à :

  • Standardiser l’évaluation du risque suicidaire à travers les services de santé.

  • Clarifier les rôles et responsabilités des professionnels de santé, qu’ils soient généralistes ou spécialisés en santé mentale.

  • Assurer une prise en charge continue du patient, depuis la première présentation jusqu’à la sortie et le suivi postérieur.


Processus d’évaluation du risque suicidaire

1. Engagement initial

    • Établir une relation thérapeutique de confiance avec le patient est fondamental pour une évaluation efficace.

2. Collecte d’informations

    • Obtenir des informations corroborées à partir de diverses sources, y compris la famille, les amis et les dossiers médicaux, pour une compréhension complète du contexte du patient.

3. Détermination du niveau de risque

    • Le risque suicidaire est classé en quatre catégories :
  • Risque élevé

  • Risque moyen

  • Risque faible

  • Aucun risque prévisible

Cette classification prend en compte la variabilité du risque et la confiance du clinicien dans son évaluation.


Gestion du risque suicidaire

  • Planification des soins : Élaborer un plan de gestion personnalisé en fonction du niveau de risque identifié.

  • Intervention immédiate : Pour les patients à risque élevé, des mesures de sécurité immédiates doivent être mises en place.

  • Suivi et réévaluation : Le risque suicidaire étant dynamique, des réévaluations régulières sont essentielles, notamment lors de changements dans l’état clinique du patient.


Collaboration interdisciplinaire

La gestion efficace du risque suicidaire nécessite une collaboration entre :

Cette approche collaborative garantit une prise en charge holistique et adaptée aux besoins individuels.


Implications pour les formateurs en prévention du suicide

Pour les formateurs, ce cadre offre une base solide pour :

  • Former les professionnels à l’identification et à l’évaluation du risque suicidaire.

  • Développer des compétences en communication et en engagement thérapeutique.

  • Promouvoir une culture de sécurité et de vigilance continue au sein des établissements de santé.


Ce cadre s’inscrit dans une approche plus large de prévention du suicide, alignée sur des initiatives telles que le programme Towards Zero Suicides . Il est essentiel que les formateurs intègrent ces principes dans leurs programmes pour renforcer la capacité des professionnels de santé à prévenir efficacement le suicide.

Évolution des âges les plus à risque de suicide

Entre 2015 et 2020, les taux de suicide ont augmenté chez les 15-24 ans, les 25-34 ans et les 35-44 ans.

Pour le groupe des 45 à 54 ans, le taux est resté relativement stable avant de diminuer vers 2019. Chez les 55-64 ans, les taux ont augmenté régulièrement à partir de 2015, puis ont baissé en 2018. Pour les 65 ans et plus, le taux est resté stable jusqu’en 2017, puis a augmenté jusqu’en 2018, année où il a diminué.

Sourcesuicide prevention resources center 

Programme ACE Base+1 pour la prévention du suicide dans l’armée américaine

L’article intitulé « Améliorations essentielles de la formation de l’armée en matière de prévention du suicide et d’intervention : Une collaboration inter-agences pour développer le nouveau programme « ACE Base +1 «  publié dans Military Medicine, présente le développement d’un programme de formation innovant destiné à renforcer la prévention du suicide au sein de l’armée américaine. Ce programme, nommé ACE Base +1, est le fruit d’une collaboration interagences visant à améliorer les compétences des militaires en matière de détection et d’intervention face aux comportements suicidaires.Oxford Academic

Le programme ACE Base +1, est une mise à jour significative du programme de formation à la prévention du suicide et à l’intervention face à une crise suicidaire de l’United States Army. Développé en collaboration entre les Defense Centers for Public Health-Aberdeen et l’Institut de recherche de l’Army Walter Reed (WRAIR), ce programme s’appuie sur des recherches actuelles, des réglementations de l’Army, des directives de santé publique du CDC (Centers for Disease Control and Prevention) et des politiques du Bureau du département de prévention du suicide. Il représente une avancée dans les efforts de prévention du suicide au sein de l’Armée, en intégrant des améliorations dans le contenu, les méthodes de formation et la conception globale, alignée sur les initiatives nationales et du Département de la Défense.

🎯 Objectifs du programme ACE Base +1

Le programme ACE Base +1 a été conçu pour :

  • Renforcer les compétences des militaires en matière de prévention du suicide, en mettant l’accent sur l’identification des signes avant-coureurs et l’intervention appropriée.

  • Intégrer les connaissances sur les expériences adverses de l’enfance (ACE), reconnaissant leur impact à long terme sur la santé mentale et le risque suicidaire.

  • Favoriser une approche collaborative entre différentes agences et services, afin d’assurer une réponse coordonnée et efficace.


Structure et contenu de la formation

Le programme ACE Base +1 se distingue par :

  • Une formation modulaire adaptée aux différents niveaux hiérarchiques et fonctions au sein de l’armée.

  • L’utilisation de scénarios interactifs et d’études de cas basés sur des situations réelles, facilitant l’application pratique des connaissances acquises.

  • Une évaluation continue des compétences, permettant d’ajuster le contenu en fonction des besoins spécifiques des participants.

  • Decouvrir le manuel de ACE Base+1

Caractéristiques clés du programme

Le programme ACE Base +1 se distingue par plusieurs éléments innovants qui le rendent particulièrement adapté à la prévention du suicide dans un contexte militaire :
  1. Cadre modulaire pour une formation obligatoire adaptée
    • Le programme est structuré de manière modulaire, permettant une personnalisation de la formation selon les besoins spécifiques des différents groupes au sein de l’Army (par exemple, soldats, civils, familles). Cela permet une approche plus ciblée et efficace, en ajustant le contenu selon le rôle et les responsabilités des participants.
    • Par exemple, les leaders peuvent recevoir une formation approfondie sur la gestion des crises, tandis que les soldats de première ligne se concentrent sur l’identification des signes de détresse.
  2. Approche de santé publique axée sur l’intervention précoce, la confiance et la cohésion
    • L’accent est mis sur l’intervention précoce, en encourageant les pairs à identifier les signes avant-coureurs du suicide et à intervenir rapidement, par exemple en posant des questions directes sur les pensées suicidaires.
    • La formation vise également à bâtir la confiance et la cohésion au sein des unités, ce qui est crucial pour la prévention du suicide, car une forte cohésion sociale est un facteur protecteur. Cela inclut des activités pour renforcer les liens entre les membres de l’unité.
  3. Méthodes de formation centrées sur les discussions entre pairs et les répétitions comportementales
    • Les sessions de formation incluent des discussions entre pairs, favorisant un apprentissage collaboratif et une meilleure compréhension des enjeux. Ces discussions permettent aux participants de partager leurs expériences et d’apprendre les uns des autres, réduisant le stigma autour du suicide.
    • Des exercices de répétition comportementale (comme des simulations de rôle) sont utilisés pour permettre aux participants de pratiquer les compétences d’intervention dans des scénarios réalistes, tels que comment accompagner une personne vers une ressource de soutien.
  4. Curriculum inclusif pour l’ensemble de la communauté de l’Army
    • Le programme est conçu pour être inclusif, couvrant non seulement les soldats mais aussi les civils et les familles. Cela reconnaît que la prévention du suicide nécessite une approche communautaire, impliquant tous les acteurs de l’écosystème militaire.
    • Par exemple, les familles peuvent recevoir une formation sur les signes de détresse chez leurs proches soldats, tandis que les civils du Département de l’Army sont formés pour reconnaître les ressources disponibles.

Implications pour les formateurs en prévention du suicide

Pour les formateurs, l’intégration des éléments du programme ACE Base +1 dans leurs sessions de formation peut :

  • Améliorer la compréhension des facteurs de risque liés aux expériences adverses de l’enfance et leur influence sur le comportement suicidaire.

  • Fournir des outils pratiques pour l’identification précoce des signes de détresse psychologique et l’intervention appropriée.

  • Encourager une culture organisationnelle axée sur la prévention, la résilience et le soutien mutuel.


Ressources complémentaires

Pour approfondir la compréhension des ACE et de leur impact sur la santé mentale, les formateurs peuvent consulter :


En résumé, le programme ACE Base +1 représente une avancée significative dans la formation à la prévention du suicide, en intégrant une approche holistique qui tient compte des expériences passées des individus. Pour les formateurs, l’adoption de ces principes peut renforcer l’efficacité de leurs interventions et contribuer à la réduction des comportements suicidaires au sein des populations à risque.

 

Quelles implications de l’étude sur les ACE(S) (Kaiser Permanente) et la prévention du suicide?

L’étude pionnière sur les Expériences Adverses de l’Enfance (ACE), menée conjointement par Kaiser Permanente et les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), a mis en évidence un lien fort entre les traumatismes infantiles et divers problèmes de santé mentale à l’âge adulte, y compris le risque accru de suicide. Pour les formateurs en prévention du suicide, intégrer les enseignements de cette étude est essentiel pour comprendre les origines profondes du comportement suicidaire et adapter les interventions en conséquence.


Comprendre les ACE : des facteurs de risque majeurs

Les ACE englobent des expériences telles que la maltraitance physique, émotionnelle ou sexuelle, la négligence, ou encore la présence de troubles mentaux ou de toxicomanie chez les parents. L’étude a révélé une relation dose-réponse : plus une personne a été exposée à un nombre élevé d’ACE, plus le risque de comportements autodestructeurs, y compris le suicide, est élevé. Par exemple, une personne ayant subi quatre ACE ou plus présente un risque significativement accru de tentative de suicide à l’âge adulte.

Catégorie d’ACE
Exemple
Impact potentiel sur le risque de suicide
Maltraitance physique
Être frappé par un parent
Augmentation des troubles de l’humeur, dépression
Maltraitance émotionnelle
Être humilié ou critiqué régulièrement
Risque accru de pensées suicidaires
Négligence physique
Manque de nourriture ou de soins médicaux
Isolement social, comportements à risque
Dysfonctionnement familial
Parent alcoolique ou membre de famille incarcéré
Stress chronique, augmentation des tentatives de suicide

Implications pour la formation en prévention du suicide

  1. Évaluation approfondie des antécédents : Former les intervenants à identifier les signes de traumatismes passés et à poser des questions sensibles sur les expériences infantiles peut aider à détecter les personnes à risque.

  2. Approche centrée sur le traumatisme : Adopter une perspective qui reconnaît l’impact des traumatismes passés permet de créer un environnement sécurisé et empathique pour les personnes en détresse.

  3. Renforcement des facteurs de protection : Mettre l’accent sur le développement de relations stables, le soutien social et l’estime de soi peut atténuer les effets des ACE et réduire le risque suicidaire.

  4. Intégration de programmes éducatifs : Utiliser des modules de formation spécifiques sur les ACE, comme ceux proposés par des organisations spécialisées, peut enrichir les compétences des formateurs et des intervenants.


Ressources pour les formateurs

  • Modules de formation sur les ACE : Des programmes en ligne offrent des cours sur la reconnaissance et la prévention des ACE, adaptés à divers professionnels de la santé mentale.

  • Matériel pédagogique : Des brochures, des guides et des outils d’évaluation sont disponibles pour aider à la mise en œuvre de formations efficaces sur les ACE et la prévention du suicide.

Exemple pratique : Le programme « Ask, Care, Escort » (ACE)

Bien que le programme « Ask, Care, Escort » de l’Armée américaine ne soit pas directement lié à l’étude Kaiser Permanente sur les ACE, il illustre comment les principes tirés de l’étude peuvent être appliqués. Ce programme, décrit sur le site du programme Army ACE, forme les soldats et les civils à intervenir auprès des personnes à risque en trois étapes :
  • Ask : Poser des questions directes sur les pensées suicidaires.
  • Care : Prendre soin de la personne en montrant de l’empathie et en offrant un soutien immédiat.
  • Escort : Accompagner la personne vers un professionnel de santé pour un suivi.
Ce modèle peut être adapté pour les formateurs en prévention du suicide, en intégrant la sensibilisation aux ACE comme un facteur clé pour identifier les personnes à risque. Par exemple, les formateurs peuvent enseigner comment les ACE augmentent la probabilité de pensées suicidaires et comment intervenir de manière adaptée.

Rapport OIP: « Dix fois plus de suicide en prison qu’à l’extérieur »

Le site de l’Observatoire international des prisons (OIP) affirme que le taux de suicide en détention en France est « dix fois plus élevé qu’à l’extérieur ». Cette déclaration, bien que percutante, mérite une analyse critique en la confrontant à d’autres sources et données disponibles.

Comparaison des taux de suicide : prison vs. population générale

Selon les données de l’Observatoire des inégalités, le taux de suicide en prison en France est environ six fois plus élevé que celui de la population générale . L’Institut national d’études démographiques (Ined) indique que les périodes de placement en cellule disciplinaire présentent un risque de suicide 15 fois supérieur à celui observé en cellule ordinaire.

En réalité, l’affirmation d’un taux « dix fois plus élevé » peut varier en fonction des méthodologies et des périodes considérées: Voir observatoire-disparites-justice-penale.fr Ined. D’autres sources estiment ce ratio entre six et sept fois plus élevé. 

Évolution historique et comparaison internationale

Historiquement, le taux de suicide en milieu carcéral en France a augmenté, passant de 4 suicides pour 10 000 détenus en 1960 à 19 en 2008 . En 2023, la France enregistrait 16 suicides pour 10 000 détenus, se situant parmi les pays européens avec les taux les plus élevés, derrière l’Allemagne, l’Autriche, la Finlande, l’Estonie, la Lettonie, le Luxembourg, Malte, la Norvège et la Slovénie .​Cairn Info    Le Point.fr

Facteurs de risque spécifiques

Plusieurs facteurs augmentent le risque de suicide en prison :

  • Statut de prévenu : Les prévenus se suicident deux fois plus que les condamnés .​Ined

  • Isolement disciplinaire : Le placement en cellule disciplinaire est associé à un risque de suicide 15 fois supérieur à celui observé en cellule ordinaire .​Ined

  • Troubles mentaux : Une proportion significative de détenus présente des troubles psychiques, augmentant le risque suicidaire

Le taux de suicide en prison en France est incontestablement plus élevé que dans la population générale, avec des estimations variant selon les sources. Bien que l’OIP souligne à juste titre la gravité de la situation, une analyse nuancée et basée sur des données multiples est nécessaire pour comprendre pleinement l’ampleur du problème et mettre en œuvre des stratégies de prévention efficaces.

Suicide et crise du Covid: cinquième rapport de l’Observatoire national du suicide (ONS)

Le cinquième rapport de l’Observatoire national du suicide (ONS), publié par la DREES, examine les conséquences de la pandémie de Covid-19 sur les comportements suicidaires et la santé mentale en France. Il s’appuie sur des travaux menés entre 2020 et 2022, incluant une revue de littérature, des recherches ciblées et des données statistiques.Drees

Le rapport se compose de deux dossiers principaux et de dix-huit fiches thématiques :Drees

  1. Revue de littérature : Analyse des études nationales et internationales sur les comportements suicidaires durant la pandémie.

  2. Recherches sur la prévention du suicide chez les jeunes : Présentation de quatre études financées par la Mission Recherche (MiRe) de la DREES.

  3. Fiches thématiques : Données statistiques sur l’impact de la pandémie sur la santé mentale et les comportements suicidaires, ainsi que sur les adaptations des actions de prévention.


Principaux constats

  • Stabilité des taux de suicide : Contrairement aux prévisions alarmistes, les taux de suicide sont restés globalement stables dans les pays à revenu élevé durant la première année de la pandémie.Drees

  • Détérioration de la santé mentale : Une augmentation des symptômes d’anxiété et de dépression a été observée, notamment chez les jeunes adultes et les étudiants.Drees

  • Inégalités sociales amplifiées : La pandémie a exacerbé les inégalités sociales de santé, affectant davantage les populations déjà vulnérables.Drees

  • Adaptation des dispositifs de prévention : Les associations et les services de santé ont dû adapter leurs actions pour répondre à la crise sanitaire, en renforçant notamment les dispositifs d’écoute et de soutien psychologique.


 Données statistiques clés

  • Recours aux soins d’urgence : Une augmentation des consultations pour troubles de la santé mentale a été constatée en 2020-2021.Drees

  • Hospitalisations pour tentative de suicide : Les données montrent des variations selon les périodes et les groupes d’âge, avec une attention particulière portée aux adolescents.

  • Prévalence des pensées suicidaires : Les enquêtes EpiCov et CoviPrev ont permis de suivre l’évolution des idées suicidaires en population générale durant la pandémie.Drees


Recherches sur la prévention chez les jeunes

Les quatre études présentées dans le rapport mettent en lumière :

  • Les facteurs de risque spécifiques aux adolescents et jeunes adultes.

  • L’importance du soutien social et familial dans la prévention du suicide.

  • Les effets de la pandémie sur les trajectoires individuelles de mal-être.


Recommandations

  • Renforcement des dispositifs de surveillance : Améliorer la rapidité et la fiabilité des systèmes d’information sur les suicides.Drees

  • Développement de la recherche : Soutenir des études ciblées sur les populations vulnérables et les effets à long terme de la pandémie.

  • Promotion de la santé mentale : Mettre en œuvre des actions de communication et de sensibilisation pour lutter contre la stigmatisation et encourager le recours aux soins.


Ce rapport constitue une ressource essentielle pour les formateurs et les professionnels impliqués dans la prévention du suicide, offrant une analyse approfondie des impacts de la crise sanitaire et des pistes d’action pour renforcer les dispositifs existants.

Le programme QPR (Question, Persuade, Refer) pour la prévention du suicide

Le programme QPR (Question, Persuade, Refer) est une méthode de prévention du suicide développée par le QPR Institute, visant à former des « gatekeepers » (personnes sentinelles) capables d’identifier les signes avant-coureurs du suicide, d’engager un dialogue avec la personne en détresse et de la référer vers des ressources appropriées.


🧭 Objectifs du programme QPR

Le programme QPR a pour but d’enseigner aux participants à :

  1. Questionner : Apprendre à poser des questions directes et appropriées pour déterminer si une personne envisage le suicide.

  2. Persuader : Encourager la personne en détresse à chercher de l’aide et à accepter le soutien proposé.

  3. Référer : Orienter la personne vers les ressources professionnelles disponibles pour une prise en charge adéquate.

Cette approche est souvent comparée à la RCP (réanimation cardio-pulmonaire) en tant qu’intervention d’urgence en santé mentale, visant à stabiliser la situation jusqu’à ce qu’une aide professionnelle puisse être apportée.


Contenu de la formation QPR Gatekeeper

La formation QPR Gatekeeper est conçue pour être accessible à tous, sans nécessiter de formation préalable en santé mentale. Elle couvre les éléments suivants :

  • Introduction à la prévention du suicide : Comprendre l’importance du rôle des « gatekeepers » dans la détection et la prévention du suicide.

  • Mythes et réalités : Démystifier les idées fausses courantes sur le suicide.

  • Signes d’alerte : Identifier les indices verbaux, comportementaux et situationnels indiquant un risque suicidaire.

  • Techniques de communication : Apprendre à poser la « question du suicide », à écouter activement et à persuader la personne de chercher de l’aide.

  • Référencement vers les ressources : Connaître les services locaux et nationaux disponibles pour aider les personnes en crise.

  • Exercices pratiques : Participer à des jeux de rôle pour renforcer les compétences acquises.

La formation dure généralement entre 1 et 2 heures et peut être dispensée en présentiel ou en ligne.


 Certification des formateurs QPR

Pour ceux souhaitant devenir formateurs QPR, le QPR Institute propose une certification de formateur QPR Gatekeeper. Ce programme comprend :

  • Durée : Environ 12 heures de formation.
  • Contenu : Approfondissement des connaissances sur le suicide, techniques pédagogiques pour enseigner le programme QPR, gestion des réactions émotionnelles des participants, et organisation de sessions de formation.
  • Matériel fourni : 25 livrets QPR pour animer les premières sessions, supports de présentation, et accès à des ressources en ligne.

  • Certification : Valable pour une durée de 3 ans.

Les formations peuvent être suivies en ligne ou en présentiel, avec des options adaptées aux besoins internationaux.


 Adaptabilité et reconnaissance

Le programme QPR est reconnu et utilisé à l’échelle mondiale, avec des adaptations culturelles et linguistiques disponibles pour répondre aux besoins spécifiques de différentes populations. Il est soutenu par des recherches indépendantes et est considéré comme une pratique fondée sur des données probantes en matière de prévention du suicide.