Prévention du suicide en prison : L’impact de la « prévention par les pairs » (ex des CDS en France)

Publié par preventionsuicide le

Les prisons sont confrontées à un défi critique : la prévention du suicide. Avec des taux de suicide dépassant parfois ceux de la population générale (27 pour 100 000 détenus en 2019), les établissements pénitentiaires cherchent des solutions innovantes. Une étude récente publiée dans le Journal of Correctional Health Care révèle comment des programmes de « safety compagnons » (compagnons de sécurité) – des détenus formés pour soutenir leurs pairs en crise – émergent comme une stratégie prometteuse.

Les faits saillants de l’étude

1. Étendue des programmes :

  • Seuls 16 États américains + l’administration fédérale (BOP) ont des politiques formalisées utilisant des détenus comme compagnons.
  • 3 États supplémentaires auraient des programmes non documentés.

2. Rôles des compagnons :

  • Observation (56% des programmes) : Surveiller les détenus à risque, prévenir les tentatives.
  • Soutien relationnel (38%) : Écoute active, mentorat pour réduire l’isolement.
  • Documentation (63%) : Tenue de registres sur l’état des personnes surveillées.

3. Sélection et formation :

  •  Critères stricts : Antécédents disciplinaires, stabilité psychologique (63% des politiques), aptitude physique.
  •  Formation : Détection des signes de crise (50%), confidentialité (56%), gestion des urgences.

4. Bénéfices tangibles :

  • Réduction des coûts : Un centre fédéral a économisé 30 000$ en heures supplémentaires sur 1 an.
  • Impact psychologique : Moins de solitude chez les détenus à risque, sentiment d’utilité chez les compagnons.

Les défis à relever

  • Priorité à la surveillance : La majorité des programmes américains se concentrent sur l’observation plutôt que le soutien émotionnel, contrairement à l’Europe ou au Canada (ex. : programmes « Samaritains »).
  • Risques éthiques : Crainte de négligence, motivations peu altruistes des compagnons, ou substitution aux soins professionnels.
  • Manque d’uniformité : Supervision variable (38% exigent un contrôle toutes les 15-60 min), rémunération inégale (63% payés, 6% certifiés).

Pourquoi ces programmes sont-ils essentiels?

  • Complément vital : Dans un contexte de sous-effectifs médicaux et de culture carcérale défavorable à la recherche d’aide, les pairs sont plus accessibles, surtout la nuit.
  • Double impact :
    •  Chez les détenus à risque : Réduction de l’isolement et du désespoir.
    • Chez les compagnons : Développement de compétences, certification valorisante (ex. : Spécialiste Certifié en Pennsylvanie).

Vers une approche humaine et efficace

Les « compagnons de sécurité » ne remplacent pas les soins professionnels, mais ils offrent une réponse humaine à la crise suicidaire en détention. Pour maximiser leur impact :

  • Intégrer un volet relationnel(mentorat, écoute) et superviser rigoureusement les compagnons.
  • Soutenir la recherche comparant l’efficacité des modèles « observation seule » vs « soutien global ».

Source : Tartaro, C. & Klenk, S. (2023). « Utilizing Peer Safety Companions to Prevent Suicide in Prisons ». Journal of Correctional Health Care.

 


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