FRANCE CULTURE; Emission « les Chemins de la connaissance » (07.12.2012) Travailler mieux pour vivre mieux : réflexions pour d’autres perspectives d’organisation du travail

Cela ne devrait pas exister, mais c’est la triste réalité : il existe des femmes et des hommes malades du travail, il se rencontre des épuisés de la vie qui n’ont plus le courage de résister au « management de la peur » et à la pression gestionnaire. Ceux-la ne supportent plus la dévalorisation de leur métier, ils ont honte de la malfaçon, ils regrettent le temps de la coopération entre collègues ; alors, ils se sentent inutiles, et perdent toute estime de soi. Or contrairement à ce qu’on pouvait attendre, les travailleurs qui se suicident sur leur lieu de travail sont rarement des sujets marginalisés. Ce ne sont pas uniquement les bras cassés qui se suicident au travail. Et puis le malaise au travail ne débouche pas toujours – heureusement – sur de tels actes de désespoir. La souffrance s’y exprime parfois de manière sourde et diffuse. Et certains travailleurs sont contraints de suspendre leur pensée. Que veut dire alors cet état de chose ? Il signe la preuve que la gestion est entrée en lutte contre les métiers. Le travail en effet n’est pas objectivement mesurable, il ne se réduit pas au but à atteindre. Pour éprouver le fait de travailler, il faut mobiliser son intelligence, son savoir-faire, être rusé. Travailler, c’est se transformer soi-même, y compris par l’effort. Ce n’est jamais répondre uniquement au travail prescrit. Or la gestion fait croire le contraire. Elle entend tout maîtriser. Le gestionnaire en ce sens est un adversaire du travail. Et quand ce n’est pas le gestionnaire, ce sont les objectifs prescrits par les nouvelles technologies, et l’autocontrôle induit par des programmes reposant sur des objectifs exclusivement quantifiables.Pour ne pas entériner ce malaise, nous avons réunis un grand clinicien du travail et un grand spécialiste du droit social pour parler de souffrance au travail et de justice sociale. Nous les avons réunis pour tenter de penser ensemble l’intelligence subjective au travail et la coopération collective au travail.

En un mot : l’humanisation des rapports sociaux, et notamment dans le travail, laquelle permet de se réaliser soi-même dans des œuvres utiles à tous.

Invité(s) : Christophe Dejours, psychiatre et psychanalyste, professeur au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM); Alain Supiot, professeur au Collège de France, Directeur de l’Institut d’études avancées de Nantes, auteur de « L’esprit de Philadelphie : La justice sociale face au marché total ».


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