Programme ACE Base+1 pour la prévention du suicide dans l’armée américaine

L’article intitulé « Améliorations essentielles de la formation de l’armée en matière de prévention du suicide et d’intervention : Une collaboration inter-agences pour développer le nouveau programme « ACE Base +1 «  publié dans Military Medicine, présente le développement d’un programme de formation innovant destiné à renforcer la prévention du suicide au sein de l’armée américaine. Ce programme, nommé ACE Base +1, est le fruit d’une collaboration interagences visant à améliorer les compétences des militaires en matière de détection et d’intervention face aux comportements suicidaires.Oxford Academic

Le programme ACE Base +1, est une mise à jour significative du programme de formation à la prévention du suicide et à l’intervention face à une crise suicidaire de l’United States Army. Développé en collaboration entre les Defense Centers for Public Health-Aberdeen et l’Institut de recherche de l’Army Walter Reed (WRAIR), ce programme s’appuie sur des recherches actuelles, des réglementations de l’Army, des directives de santé publique du CDC (Centers for Disease Control and Prevention) et des politiques du Bureau du département de prévention du suicide. Il représente une avancée dans les efforts de prévention du suicide au sein de l’Armée, en intégrant des améliorations dans le contenu, les méthodes de formation et la conception globale, alignée sur les initiatives nationales et du Département de la Défense.

🎯 Objectifs du programme ACE Base +1

Le programme ACE Base +1 a été conçu pour :

  • Renforcer les compétences des militaires en matière de prévention du suicide, en mettant l’accent sur l’identification des signes avant-coureurs et l’intervention appropriée.

  • Intégrer les connaissances sur les expériences adverses de l’enfance (ACE), reconnaissant leur impact à long terme sur la santé mentale et le risque suicidaire.

  • Favoriser une approche collaborative entre différentes agences et services, afin d’assurer une réponse coordonnée et efficace.


Structure et contenu de la formation

Le programme ACE Base +1 se distingue par :

  • Une formation modulaire adaptée aux différents niveaux hiérarchiques et fonctions au sein de l’armée.

  • L’utilisation de scénarios interactifs et d’études de cas basés sur des situations réelles, facilitant l’application pratique des connaissances acquises.

  • Une évaluation continue des compétences, permettant d’ajuster le contenu en fonction des besoins spécifiques des participants.

  • Decouvrir le manuel de ACE Base+1

Caractéristiques clés du programme

Le programme ACE Base +1 se distingue par plusieurs éléments innovants qui le rendent particulièrement adapté à la prévention du suicide dans un contexte militaire :
  1. Cadre modulaire pour une formation obligatoire adaptée
    • Le programme est structuré de manière modulaire, permettant une personnalisation de la formation selon les besoins spécifiques des différents groupes au sein de l’Army (par exemple, soldats, civils, familles). Cela permet une approche plus ciblée et efficace, en ajustant le contenu selon le rôle et les responsabilités des participants.
    • Par exemple, les leaders peuvent recevoir une formation approfondie sur la gestion des crises, tandis que les soldats de première ligne se concentrent sur l’identification des signes de détresse.
  2. Approche de santé publique axée sur l’intervention précoce, la confiance et la cohésion
    • L’accent est mis sur l’intervention précoce, en encourageant les pairs à identifier les signes avant-coureurs du suicide et à intervenir rapidement, par exemple en posant des questions directes sur les pensées suicidaires.
    • La formation vise également à bâtir la confiance et la cohésion au sein des unités, ce qui est crucial pour la prévention du suicide, car une forte cohésion sociale est un facteur protecteur. Cela inclut des activités pour renforcer les liens entre les membres de l’unité.
  3. Méthodes de formation centrées sur les discussions entre pairs et les répétitions comportementales
    • Les sessions de formation incluent des discussions entre pairs, favorisant un apprentissage collaboratif et une meilleure compréhension des enjeux. Ces discussions permettent aux participants de partager leurs expériences et d’apprendre les uns des autres, réduisant le stigma autour du suicide.
    • Des exercices de répétition comportementale (comme des simulations de rôle) sont utilisés pour permettre aux participants de pratiquer les compétences d’intervention dans des scénarios réalistes, tels que comment accompagner une personne vers une ressource de soutien.
  4. Curriculum inclusif pour l’ensemble de la communauté de l’Army
    • Le programme est conçu pour être inclusif, couvrant non seulement les soldats mais aussi les civils et les familles. Cela reconnaît que la prévention du suicide nécessite une approche communautaire, impliquant tous les acteurs de l’écosystème militaire.
    • Par exemple, les familles peuvent recevoir une formation sur les signes de détresse chez leurs proches soldats, tandis que les civils du Département de l’Army sont formés pour reconnaître les ressources disponibles.

Implications pour les formateurs en prévention du suicide

Pour les formateurs, l’intégration des éléments du programme ACE Base +1 dans leurs sessions de formation peut :

  • Améliorer la compréhension des facteurs de risque liés aux expériences adverses de l’enfance et leur influence sur le comportement suicidaire.

  • Fournir des outils pratiques pour l’identification précoce des signes de détresse psychologique et l’intervention appropriée.

  • Encourager une culture organisationnelle axée sur la prévention, la résilience et le soutien mutuel.


Ressources complémentaires

Pour approfondir la compréhension des ACE et de leur impact sur la santé mentale, les formateurs peuvent consulter :


En résumé, le programme ACE Base +1 représente une avancée significative dans la formation à la prévention du suicide, en intégrant une approche holistique qui tient compte des expériences passées des individus. Pour les formateurs, l’adoption de ces principes peut renforcer l’efficacité de leurs interventions et contribuer à la réduction des comportements suicidaires au sein des populations à risque.

 

Quelles implications de l’étude sur les ACE(S) (Kaiser Permanente) et la prévention du suicide?

L’étude pionnière sur les Expériences Adverses de l’Enfance (ACE), menée conjointement par Kaiser Permanente et les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), a mis en évidence un lien fort entre les traumatismes infantiles et divers problèmes de santé mentale à l’âge adulte, y compris le risque accru de suicide. Pour les formateurs en prévention du suicide, intégrer les enseignements de cette étude est essentiel pour comprendre les origines profondes du comportement suicidaire et adapter les interventions en conséquence.


Comprendre les ACE : des facteurs de risque majeurs

Les ACE englobent des expériences telles que la maltraitance physique, émotionnelle ou sexuelle, la négligence, ou encore la présence de troubles mentaux ou de toxicomanie chez les parents. L’étude a révélé une relation dose-réponse : plus une personne a été exposée à un nombre élevé d’ACE, plus le risque de comportements autodestructeurs, y compris le suicide, est élevé. Par exemple, une personne ayant subi quatre ACE ou plus présente un risque significativement accru de tentative de suicide à l’âge adulte.

Catégorie d’ACE
Exemple
Impact potentiel sur le risque de suicide
Maltraitance physique
Être frappé par un parent
Augmentation des troubles de l’humeur, dépression
Maltraitance émotionnelle
Être humilié ou critiqué régulièrement
Risque accru de pensées suicidaires
Négligence physique
Manque de nourriture ou de soins médicaux
Isolement social, comportements à risque
Dysfonctionnement familial
Parent alcoolique ou membre de famille incarcéré
Stress chronique, augmentation des tentatives de suicide

Implications pour la formation en prévention du suicide

  1. Évaluation approfondie des antécédents : Former les intervenants à identifier les signes de traumatismes passés et à poser des questions sensibles sur les expériences infantiles peut aider à détecter les personnes à risque.

  2. Approche centrée sur le traumatisme : Adopter une perspective qui reconnaît l’impact des traumatismes passés permet de créer un environnement sécurisé et empathique pour les personnes en détresse.

  3. Renforcement des facteurs de protection : Mettre l’accent sur le développement de relations stables, le soutien social et l’estime de soi peut atténuer les effets des ACE et réduire le risque suicidaire.

  4. Intégration de programmes éducatifs : Utiliser des modules de formation spécifiques sur les ACE, comme ceux proposés par des organisations spécialisées, peut enrichir les compétences des formateurs et des intervenants.


Ressources pour les formateurs

  • Modules de formation sur les ACE : Des programmes en ligne offrent des cours sur la reconnaissance et la prévention des ACE, adaptés à divers professionnels de la santé mentale.

  • Matériel pédagogique : Des brochures, des guides et des outils d’évaluation sont disponibles pour aider à la mise en œuvre de formations efficaces sur les ACE et la prévention du suicide.

Exemple pratique : Le programme « Ask, Care, Escort » (ACE)

Bien que le programme « Ask, Care, Escort » de l’Armée américaine ne soit pas directement lié à l’étude Kaiser Permanente sur les ACE, il illustre comment les principes tirés de l’étude peuvent être appliqués. Ce programme, décrit sur le site du programme Army ACE, forme les soldats et les civils à intervenir auprès des personnes à risque en trois étapes :
  • Ask : Poser des questions directes sur les pensées suicidaires.
  • Care : Prendre soin de la personne en montrant de l’empathie et en offrant un soutien immédiat.
  • Escort : Accompagner la personne vers un professionnel de santé pour un suivi.
Ce modèle peut être adapté pour les formateurs en prévention du suicide, en intégrant la sensibilisation aux ACE comme un facteur clé pour identifier les personnes à risque. Par exemple, les formateurs peuvent enseigner comment les ACE augmentent la probabilité de pensées suicidaires et comment intervenir de manière adaptée.

Rapport OIP: « Dix fois plus de suicide en prison qu’à l’extérieur »

Le site de l’Observatoire international des prisons (OIP) affirme que le taux de suicide en détention en France est « dix fois plus élevé qu’à l’extérieur ». Cette déclaration, bien que percutante, mérite une analyse critique en la confrontant à d’autres sources et données disponibles.

Comparaison des taux de suicide : prison vs. population générale

Selon les données de l’Observatoire des inégalités, le taux de suicide en prison en France est environ six fois plus élevé que celui de la population générale . L’Institut national d’études démographiques (Ined) indique que les périodes de placement en cellule disciplinaire présentent un risque de suicide 15 fois supérieur à celui observé en cellule ordinaire.

En réalité, l’affirmation d’un taux « dix fois plus élevé » peut varier en fonction des méthodologies et des périodes considérées: Voir observatoire-disparites-justice-penale.fr Ined. D’autres sources estiment ce ratio entre six et sept fois plus élevé. 

Évolution historique et comparaison internationale

Historiquement, le taux de suicide en milieu carcéral en France a augmenté, passant de 4 suicides pour 10 000 détenus en 1960 à 19 en 2008 . En 2023, la France enregistrait 16 suicides pour 10 000 détenus, se situant parmi les pays européens avec les taux les plus élevés, derrière l’Allemagne, l’Autriche, la Finlande, l’Estonie, la Lettonie, le Luxembourg, Malte, la Norvège et la Slovénie .​Cairn Info    Le Point.fr

Facteurs de risque spécifiques

Plusieurs facteurs augmentent le risque de suicide en prison :

  • Statut de prévenu : Les prévenus se suicident deux fois plus que les condamnés .​Ined

  • Isolement disciplinaire : Le placement en cellule disciplinaire est associé à un risque de suicide 15 fois supérieur à celui observé en cellule ordinaire .​Ined

  • Troubles mentaux : Une proportion significative de détenus présente des troubles psychiques, augmentant le risque suicidaire

Le taux de suicide en prison en France est incontestablement plus élevé que dans la population générale, avec des estimations variant selon les sources. Bien que l’OIP souligne à juste titre la gravité de la situation, une analyse nuancée et basée sur des données multiples est nécessaire pour comprendre pleinement l’ampleur du problème et mettre en œuvre des stratégies de prévention efficaces.

Suicide et crise du Covid: cinquième rapport de l’Observatoire national du suicide (ONS)

Le cinquième rapport de l’Observatoire national du suicide (ONS), publié par la DREES, examine les conséquences de la pandémie de Covid-19 sur les comportements suicidaires et la santé mentale en France. Il s’appuie sur des travaux menés entre 2020 et 2022, incluant une revue de littérature, des recherches ciblées et des données statistiques.Drees

Le rapport se compose de deux dossiers principaux et de dix-huit fiches thématiques :Drees

  1. Revue de littérature : Analyse des études nationales et internationales sur les comportements suicidaires durant la pandémie.

  2. Recherches sur la prévention du suicide chez les jeunes : Présentation de quatre études financées par la Mission Recherche (MiRe) de la DREES.

  3. Fiches thématiques : Données statistiques sur l’impact de la pandémie sur la santé mentale et les comportements suicidaires, ainsi que sur les adaptations des actions de prévention.


Principaux constats

  • Stabilité des taux de suicide : Contrairement aux prévisions alarmistes, les taux de suicide sont restés globalement stables dans les pays à revenu élevé durant la première année de la pandémie.Drees

  • Détérioration de la santé mentale : Une augmentation des symptômes d’anxiété et de dépression a été observée, notamment chez les jeunes adultes et les étudiants.Drees

  • Inégalités sociales amplifiées : La pandémie a exacerbé les inégalités sociales de santé, affectant davantage les populations déjà vulnérables.Drees

  • Adaptation des dispositifs de prévention : Les associations et les services de santé ont dû adapter leurs actions pour répondre à la crise sanitaire, en renforçant notamment les dispositifs d’écoute et de soutien psychologique.


 Données statistiques clés

  • Recours aux soins d’urgence : Une augmentation des consultations pour troubles de la santé mentale a été constatée en 2020-2021.Drees

  • Hospitalisations pour tentative de suicide : Les données montrent des variations selon les périodes et les groupes d’âge, avec une attention particulière portée aux adolescents.

  • Prévalence des pensées suicidaires : Les enquêtes EpiCov et CoviPrev ont permis de suivre l’évolution des idées suicidaires en population générale durant la pandémie.Drees


Recherches sur la prévention chez les jeunes

Les quatre études présentées dans le rapport mettent en lumière :

  • Les facteurs de risque spécifiques aux adolescents et jeunes adultes.

  • L’importance du soutien social et familial dans la prévention du suicide.

  • Les effets de la pandémie sur les trajectoires individuelles de mal-être.


Recommandations

  • Renforcement des dispositifs de surveillance : Améliorer la rapidité et la fiabilité des systèmes d’information sur les suicides.Drees

  • Développement de la recherche : Soutenir des études ciblées sur les populations vulnérables et les effets à long terme de la pandémie.

  • Promotion de la santé mentale : Mettre en œuvre des actions de communication et de sensibilisation pour lutter contre la stigmatisation et encourager le recours aux soins.


Ce rapport constitue une ressource essentielle pour les formateurs et les professionnels impliqués dans la prévention du suicide, offrant une analyse approfondie des impacts de la crise sanitaire et des pistes d’action pour renforcer les dispositifs existants.

BEH (2019) SUICIDE ET TENTATIVES DE SUICIDE: DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES RÉCENTES

BEH (2019) SUICIDE ET TENTATIVES DE SUICIDE: DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES RÉCENTES

Coordination scientifique // Scientific coordination

Christine Chan-Chee et Enguerrand du RoscoätSanté publique France, Saint-Maurice, France

Si le lien est brisé: http://prevention.suicide.free.fr/wp-content/uploads/BEH_2019_3-4.pdf

 

Prévention du suicide : l’évaluation est indispensable

// Suicide prevention: Evaluation is essential

Pierre Thomas
Professeur de psychiatrie, Faculté de médecine, Université de Lille, France

Les hospitalisations pour tentative de suicide dans les établissements de soins de courte durée : évolution entre 2008 et 2017

// Hospitalizations for attempted suicide in acute care facilities in France: Trends between 2008 and 2017

Christine Chan-Chee
Santé publique France, Saint-Maurice, France

Étude de faisabilité de la mise en place d’un système de surveillance des suicides basé sur les données des instituts médico-légaux

// Feasibility study of the implementation of suicide surveillance system based on data from forensic institutes

Virginie Gigonzac et coll.
Santé publique France, Saint-Maurice, France

Tentatives de suicide, pensées suicidaires et usages de substances psychoactives chez les adolescents français de 17 ans. Premiers résultats de l’enquête Escapad 2017 et évolutions depuis 2011

// Suicide attempts, suicidal thoughts and use of psychoactive substances among 17-year-old French adolescents. First results of the ESCAPAD 2017 survey and changes since 2011

Eric Janssen et coll.
Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT), La Plaine Saint-Denis, France

 

Baromètre de Santé publique France 2017 : tentatives de suicide et pensées suicidaires chez les 18-75 ans

// Santé Publique France Health Barometer 2017: Suicidal attempts and suicidal ideation among the 18-75 years-old

Christophe Léon et coll.
Santé publique France, Saint-Maurice, France

Causes associées aux suicides dans les certificats de décès. Analyse des certificats médicaux de décès, France, 2000-2014

// Causes associated with suicide in death certificates. Analysis of death certificates in France, 2000-2014

Catherine Ha et coll.
Santé publique France, Saint-Maurice, France

Pensées suicidaires dans la population active occupée en France en 2017

// Suicidal ideation among the working population in France in 2017

Pauline Delézire et coll.
Santé publique France, Saint-Maurice, France

Activité des associations de prévention et d’aide à distance en santé dans le domaine de la prévention du suicide

// Activity of prevention and remote support services associations in the field of suicide prevention in France

Christine Chan-Chee et coll.
Santé publique France, Saint-Maurice, France

Union nationale de Prevention du suicide

L’UNPS fait un gros travail de compilation d’informations et dedonnées sur leur site: https://www.unps.fr/

Elle rassemble ici quelques infographies utiles pour delivrere des formations.

Taux de décès par suicide en population générale

Tous les chiffres en France : Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire 2020

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 800 000 décès sont attribuables chaque année à un suicide dans le monde 1. En France métropolitaine, les dernières données disponibles du Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc- Inserm) font état de 8 948 décès par suicide en 2015. Même si leur nombre est en diminution ces dernières années, la France présente, parmi les pays européens, un des taux de suicide les plus élevés, derrière les pays de l’Est, la Finlande et la Belgique.

Variation du taux de décès par suicide en France entre 2000 et 2016

Globalement, le taux de décès par suicide a tendance à diminuer : -33,5 % entre 2000 et 2016. Cette baisse est plus importante au cours de la période 2008-2016 (-23,5 %) qu’entre 2000 et 2008 (-13,0 %). Les taux diminuent pour toutes les classes d’âge à l’exception des 45-54 ans entre 2000 et 2008 et des 95 ans ou plus au cours de la période 2008-2016.

Prévalences

En 2017, 4,7 % des personnes âgées de 18 à 75 ans ont déclaré avoir eu des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois, les femmes (5,4 %) étant en proportion plus nombreuses que les hommes (4,0 % ; p < 0,001). Compte tenu des intervalles de confiance liés à l’échantillonnage de l’enquête, cette différence selon le sexe n’est significative que chez les 55-64 ans avec 6,3 % de pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois chez les femmes contre 3,6 % chez les hommes (p < 0,01). La pré­valence varie également selon la classe d’âge, avec un pic noté chez les 45-54 ans (5,6 %), aussi bien chez les femmes que chez les hommes (respectivement 6,3 % et 4,9 %).

Les tentatives de suicides

En 20177,2% [6,8-7,6] (n=1 742) des 18-75 ans déclaraient avoir tenté de se suicider au cours de leur vie (9,9% des femmes vs 4,4% des hommes ; p<0,001) et 0,39% [0,30-0,51] (n=75) au cours des 12 derniers mois (0,29% des hommes vs 0,48% des femmes ; p=0,076). Parmi les personnes ayant fait une TS au cours de leur vie, plus d’un tiers (37,7%) ont déclaré en avoir fait au moins deux (39,9% des femmes vs 32,4% des hommes ; p<0,05). L’âge moyen de la dernière TS était de 29 ans pour les hommes et 27 ans pour les femmes (p<0,05) ; l’âge médian était de 25 ans (27 ans pour les hommes et 24 ans pour les femmes). La majorité des TS ont eu lieu avant l’âge de 25 ans, et c’est entre 15 et 19 ans que la proportion de suicidants était la plus importante, avec 30,1% de femmes concernées et 19,5% d’hommes (p<0,001).

Évolution du nombre de séjours hospitaliers pour tentative de suicide et de patients en France entre 2008 et 2017

Les évolutions annuelles du nombre de séjours hospitaliers pour tentative de sui­cide et du nombre de patients entre 2008 et 2017 sont parallèles. Le nombre d’hospitalisations augmente entre 2008 et 2010 puis baisse jusqu’en 2013 pour se stabiliser ensuite. Dans les années 2008-2011, le nombre annuel de séjours pour tentative de suicide est supérieur à 100 000 et le nombre de patients hospitalisés se situe autour de 89 000. En 2017, on compte moins de 90 000 séjours effectués par un peu plus de 77 000 personnes.

Taux de décès par suicide selon les régions

Les taux de décès par suicide par région doivent être comparés avec prudence. En effet, les données relatives au nombre de décès par suicide présentent un défaut d’exhaustivité global estimé à 10 % en France métropolitaine par le CépiDc-Inserm. Cette sous-estimation varie selon les régions et atteint 46 % en Île-de-France. Ainsi les différences de taux de suicide sont vraisemblablement en partie imputables à la qualité de la remontée de l’information et ne reflètent pas la situation épidémiologique réelle (voir le 2e rapport de l’ONS, p. 185).

Les taux standardisés moyens de décès par suicide entre 2014 et 2016 varient forte­ment selon les régions. Le taux de la Bretagne dépasse de 52,0 % le taux moyen de la France métropolitaine. Viennent ensuite les régions Pays de la Loire, Normandie et Hauts-de-France, avec des taux supérieurs de plus de 30 % au taux moyen de France métropolitaine. Les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Corse, et Île-de-France enregistrent les plus bas taux de décès par suicide (inférieurs de plus de 14 % au taux moyen de France métropolitaine).

Entre 2000-2002 (période de référence) et 2014-2016, les taux de décès par suicide ont tendance à diminuer de façon significative quelle que soit la région considérée.

Modes de suicide

En 2016, comme les années précédentes, le mode de suicide le plus fréquent est la pendaison (58 % des suicides), loin devant les armes à feu (13 %), les prises de médicaments et autres substances (10 %) et les sauts d’un lieu élevé (8 %). Ces modes de décès diffèrent sensiblement selon le sexe. Pour les hommes, la pendai­son est à l’origine de 62 % des suicides et les armes de 16 %. Pour les femmes, la pendaison (44 %) et la prise de médicaments et autres substances (21 %) sont les modes les plus utilisés.

Causes associées aux suicides dans les certificats de décès

Sur la période d’étude, 156 910 décès par suicide chez les individus âgés d’au moins 10 ans ont été enregistrés en France, dont 74% d’hommes. Ces décès représentent 1,9% du total des décès et 10 461 cas en moyenne par an. Selon ces certificats de décès, 40% des suicides étaient associés à la présence de troubles mentaux, plus souvent chez les femmes que chez les hommes (48% vs 36%). Il s’agissait en grande majorité de troubles dépressifs (38% chez les femmes et 28% chez les hommes). Ceux-ci étaient 41 fois plus fréquemment associés aux suicides qu’aux autres décès. Les suicides des personnes âgées de moins de 25 ans représentaient une part modérée du total des suicides (5,5%), mais étaient à l’origine d’un nombre élevé d’années de vie perdues. Des associations particulièrement fortes ont été observées avec les troubles de l’humeur et les troubles anxieux dans cette classe d’âge.

Pour 16% des suicides, le certificat de décès indiquait l’existence d’au moins une pathologie non mentale ayant contribué au décès : les maladies les plus souvent associées étaient celles de l’appareil circulatoire (5% des CD suicide), les maladies du système nerveux (4%) et les tumeurs invasives (3%), sans que l’étude ait été en mesure d’identifier des pathologies non mentales liées aux suicides.

Conduites suicidaires à l’échelle des régions (2019)

Suicide et tentative de suicides : données nationales et régionales

Santé publique France publie dans un numéro thématique du bulletin épidémiologique hebdomadaire les dernières données épidémiologiques sur le suicide et les tentatives de suicide ainsi que pour la première fois des bilans régionaux sur les conduites et pensées suicidaires.

L’objectif de ce numéro du BEH est de faire le point des données sur les conduites suicidaires en France à partir d’enquêtes et de bases médico-administratives qui  permettent d’étudier la mortalité, la morbidité et les causes associées à l’acte suicidaire. Ces connaissances sont indispensables pour renforcer les stratégies de prévention du suicide. Y est également abordée la question de l’évaluation des associations de prévention et d’aide à distance en santé dans le domaine de la prévention du suicide.

Près de 5% de la population adulte déclare avoir pensé à se suicider au cours de l’année

Le Baromètre de Santé publique France 2017 apporte des connaissances sur les idées suicidaires et les tentatives de suicide (TS) dans la population générale et chez les actifs. Près de 5% des 18-75 ans de la population générale déclaraient avoir pensé à se suicider au cours des 12 derniers mois et plus de 7% déclaraient avoir fait une TS au cours de la vie. Les femmes étaient plus touchées que les hommes. Plusieurs facteurs associés aux comportements suicidaires y sont identifiés : avoir eu un épisode dépressif, avoir à faire face à des situations financières difficiles, le fait d’être célibataire, divorcé ou veuf, l’inactivité professionnelle, l’exposition aux violences ainsi que les évènements traumatisants dans l’enfance.

Des secteurs d’activité professionnelle plus à risque

Ce même baromètre montre que chez les actifs 4,5% des femmes et 3,1% des hommes ont eu des pensées suicidaires et qu’un tiers les attribuait à des raisons professionnelles. Les secteurs d’activité les plus touchés étaient ceux de l’hébergement et restauration, des arts et spectacles et de l’enseignement.

Une situation préoccupante concernant les tentatives de suicide et pensées suicidaires chez les jeunes filles

Les adolescents de 17 ans ont été interrogés dans le cadre de  de l’enquête Escapad (Enquête sur la santé et les consommations lors de l’appel de préparation à la défense) de l’OFDT. Il en ressort qu’en 2017, près de 3% des adolescents déclaraient avoir fait au cours de leur vie une TS ayant nécessité une hospitalisation. La situation des filles est particulièrement préoccupante avec une augmentation des TS et pensées suicidaires depuis 2011. Là aussi la dépression est la variable la plus fortement associée. D’autres variables sont également associées aux conduites suicidaires, telles que le décrochage scolaire et les consommations de substances psychoactives (alcool, tabac et drogues illicites).

L’analyse des hospitalisations pour TS par SpFrance confirme la situation préoccupante des jeunes filles âgées de 15 à 19 ans. C’est dans cette population que le taux le plus élevé est systématiquement observé quelle que soit l’année. Par ailleurs, sur l’ensemble de la population, le nombre d’hospitalisations pour TS a diminué entre 2008 et 2017, passant de plus de 100 000 par an à environ 89 000 en 2017, cette baisse étant plus marquée chez les femmes. Par contre, le taux annuel de récidives de TS hospitalisées est resté constant. Certaines régions (Bretagne, Normandie et Hauts-de-France) sont plus touchées que d’autres et cette différence présente en 2008 perdure en 2017 (voir encadré). La majorité de cas de TS présente une pathologie psychiatrique sous-jacente, en particulier une dépression.

L’importance des troubles mentaux sous-jacents

Les troubles psychiatriques, en particulier la dépression et les troubles anxieux, étaient surreprésentés dans les 156 910 certificats de décès mentionnant le suicide comme cause de décès entre 2000 et 2014, comparés aux autres certificats de décès. Le suicide, contrairement aux TS, concerne une forte majorité d’hommes. Si quelques pathologies non mentales ont pu être repérées sur ces certificats, il n’a pas été possible d’identifier leur lien avec le suicide. Les bases médico-administratives du système national des données de santé (SNDS) pourraient apporter un éclairage complémentaire.

Identifier les personnes à risque pour cibler les actions de prévention

Identifier les personnes vulnérables et à haut risque en permettant d’intervenir en amont de la crise suicidaire est l’une des clés de la réussite d’une politique de prévention du suicide, comme le repérage et la prise en charge de la dépression, le maintien du lien avec les personnes ayant fait une TS. En milieu professionnel, l’identification des secteurs d’activités plus à risque permettra de cibler la prévention. Chez les jeunes, les usages de substances psychoactives, le décrochage scolaire et les symptômes dépressifs pourraient être utilisés comme des indicateurs  pour le repérage de profils d’adolescents présentant un risque accru de conduites suicidaires.

Encadré – Conduites suicidaires à l’échelle des régions

Pour la première fois, Santé publique France publie des bilans régionaux sur les conduites suicidaires à partir de trois sources de données (décès, hospitalisations, passages aux urgences pour tentative de suicide) et sur les pensées suicidaires à partir du baromètre de Santé publique France 2017. Si on considère l’ensemble des données, la région Hauts-de-France a la situation la plus défavorable. A l’opposé, l’Ile-de-France a la situation la plus favorable. Les différences inter-départementales sont encore plus marquées.

Épidémiologie France Suicides

Données épidémiologiques des suicides en France

En 2017, 8355 décès par suicide ont été enregistrés en France Entière  et 8214 en France métropolitaine.

Les statistiques de décès par suicide sont issues des certificats de décès dont la base de données est gérée par le CépiDc-Inserm.
Toutefois, une sous-évaluation est estimée à 10 % pour les données nationales, due en particulier aux décès dont la cause reste indéterminée ou à ceux ayant fait l’objet d’un examen médico-légal dont la conclusion n’a pas été rapportée au CépiDc-Inserm.
En savoir plus:

Les taux de suicides sont trois fois supérieur chez les hommes.

Les classes d’âge les plus touchées :

  • les 45-54 ans,
  • les 55-64 ans
  • les 35-44 ans

Le taux de décès par suicide augmente fortement avec l’âge chez les hommes et est le plus élevé après 74 ans.

Cependant, la part du suicide dans la mortalité générale est nettement plus élevée chez les jeunes des deux sexes que chez les personnes âgées : Le suicide est la 1ère cause de mortalité des 25-34 ans (20 % environ du total des décès dans cette tranche d’âge) et la 2ème cause (après les accidents de la circulation) chez les 15-24 ans.

source INSERM – CépiDC (effectifs de décès de personnes domiciliés en France (France entière) & Taux brut de décès par suicide (France entière))



s
ource INSERM – CépiDC (effectifs de décès de personnes domiciliés en France Métropolitaine & Taux brut de décès par suicide (France métropolitaine))

D’après donnéesINSERM – CépiDC (effectifs de décès de personnes domiciliés en France Métropolitaine)

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2017
France entièresource INSERM – CépiDC

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En 2016, comme les années précédentes, le mode de suicide le plus fréquent est la pendaison (58% des suicides), loin devant les armes à feu (13%), les prises de médicaments et autres substances (10 %) et les sauts d’un lieu élevé (8 %). Ces modes de décès diffèrent sensiblement selon le sexe. Pour les hommes, la pendai-son est à l’origine de 62 % des suicides et les armes de 16 %. Pour les femmes, la pendaison (44 %) et la prise de médicaments et autres substances (21 %) sont les modes les plus utilisés. (Source ONS 2020)

En ce qui concerne le suicide, de nombreuses études démontrent également l’importance des facteurs psychiatriques. Selon les recherches en suicidologie, de 50 à 90% des personnes qui se sont suicidées souffraient d’un ou de problèmes de santé mentale (dépression, troubles bi-polaires, anxiétés, addictions, schizophrénie, anorexie…)
Il est estimé qu’avoir fait une tentative de suicide multiplie par 30 le risque suicidaire. Un trouble bipolaire le multiplie par 28, la dépendance à l’alcool par 22, la dépression par 20, la schizophrénie par 8 et un trouble de la personnalité par 3. Ces facteurs s’additionnant. Toutefois il s’agit de statistiques, et des personnes souffrant d’un ou de troubles psychiques peuvent très bien ne jamais tenter de se suicider.
Il n’existe pas un risque mais bien plusieurs étroitement associés, s’inscrivant à la fois dans une histoire personnelle, un contexte familial et environnement social. Le suicide est donc un phénomène multifactoriel, complexe, impliquant des facteurs autant psychologiques, sociaux et biologiques, que culturels et environnementaux.

L’évolution du taux de suicide sur une longue période

La période 1953-2012 peut être globalement découpée en trois phases : une stabilité du taux de suicide pour les années 1953-1976 (1,55/10000), une augmentation régulière entre 1977 et 1985 (2,26/10000) et une décroissance ensuite (1,53/10000 en 2012)

Globalement, le taux de décès par suicide a tendance à diminuer : -33,5 % entre 2000 et 2016. Cette baisse est plus importante au cours de la période 2008-2016 (-23,5 %) qu’entre 2000 et 2008 (-13,0 %). Les taux diminuent pour toutes les classes d’âge à l’exception des 45-54 ans entre 2000 et 2008 et des 95 ans ou plus au cours de la période 2008-2016.

Taux de décès par suicide par région

Les taux de décès par suicide par région doivent être comparés avec prudence. En effet, les données relatives au nombre de décès par suicide présentent un défaut d’exhaustivité global estimé à 10 % en France métropolitaine par le CépiDc-Inserm. Cette sous-estimation varie selon les régions et atteint 46 % en Île-de-France. Ainsi les différences de taux de suicide sont vraisemblablement en partie imputables à la qualité de la remontée de l’information et ne reflètent pas la situation épidémiologique réelle (voir le 2e rapport de l’ONS, p.185). Les taux standardisés moyens de décès par suicide entre 2014 et 2016 varient fortement selon les régions (tableau 3). Le taux de la Bretagne dépasse de 52,0 % le taux moyen de la France métropolitaine. Viennent ensuite les régions Pays de la Loire, Normandie et Hauts-de-France, avec des taux supérieurs de plus de 30 % au taux moyen de France métropolitaine. Les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Corse, et Île-de-France enregistrent les plus bas taux de décès par suicide (inférieurs de plus de 14 % au taux moyen de France métropolitaine). Entre 2000-2002 (période de référence) et 2014-2016, les taux de décès par suicide ont tendance à diminuer de façon significative quelle que soit la région considérée.

(Source ONS 2020)

Article à retrouver sur infosuicide.org

Données actualiées sur le suicide par le CépiDc de l’INSERM

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Le lien vers les données actualiés:

https://www.cepidc.inserm.fr/publications-scientifiques?search_api_fulltext=suicide+france