Pr Jean Louis TERRA (2008) Prévention et prise en charge des suicidants

Prévention et prise en charge des suicidants

-> Pour revoir les fondamentaux de la formation prévention du suicide du Pr JL TERRA

Une conférence du cycle « Le suicide en face » donnée en 2008 par Jean-Louis Terra, psychiatre.

Pourquoi les hommes se tuent-ils plus que les femmes ? Les jeunes moins que les vieux ? Les urbains plus que les ruraux ? Et l’été plus que l’hiver ? Le lundi plus que le dimanche ? La France se distingue par son taux élevé de suicides: 11 000 chaque année contre 5 000 morts sur la route. Certains âges, certaines catégories socioprofessionnelles, certains lieux de vie sont plus soumis que d’autres à la tentation du suicide. Comment comprendre ces phénomènes ? Comment prévenir la tentation du suicide et prendre en charge les suicidants ?En coproduction avec la Cité de la santé, ce cycle a été proposé à l’occasion de l’exposition sur le suicide présentée en novembre 2007.

Intervenir en situation de crise suicidaire: L’entrevue clinique

Intervenir… : L’entrevue clinique

Une mise en situation montrant une intervenante qui reçoit un homme en situation de crise suicidaire. Cette vidéo est tirée du projet Intervenir en situation de crise suicidaire produit par le CCDMD en 2008.

Christian Lafleur, Dominique Seguin (2008) Intervenir en situation de crise suicidaire: L’entrevue clinique

Pour visionner et télécharger l’intégralité des vidéos/supports pédagogiques (entretien puis séquences de supervision de l’intervenante sur les erreurs à ne pas commettre), c’est ICI

Formation des « pairs observateurs (« peers observers ») en Caroline du Sud

Formation des pairs observateurs

Peer-Observer-Training.pdf

« Une formation approfondie dispensée par le personnel compétent est essentielle pour garantir que les pairs observateurs travaillent conformément aux attentes et fournissent un service utile à l’établissement et aux détenus sous surveillance anti-suicide.
Cette formation sera obligatoire au départ et de manière récurrente afin de garantir que les pairs observateurs commencent leurs fonctions et restent, au fil du temps, prêts à réussir. Les exigences suivantes doivent être respectées en ce qui concerne la formation des pairs observateurs:

1. La formation initiale et continue de tous les pairs observateurs relève de la responsabilité du coordinateur du programme des pairs observateurs (POP).
2. Aucun détenu ne sera autorisé à observer un autre détenu sous surveillance anti-suicide sans avoir suivi avec succès la formation initiale des pairs observateurs à la satisfaction du coordinateur du POP.
3. La formation initiale des pairs observateurs comprend quatre heures d’enseignement et de développement des compétences dans les deux domaines suivants:
a. Aperçu du suicide.

Cette section comprend un accent particulier sur chacun des thèmes suivants :

    1. Impact/incidence du suicide
    2. Termes et définitions
    3. Stigmatisation
    4. Mythes sur le suicide
    5.  Identification des personnes à haut risque
    6.  Facteurs de risque
    7. Signes avant-coureurs
    8. Facteurs de protection
    9. Ambivalence
b. Devoirs d’un observateur.

Cette section se concentre spécifiquement sur chacun des thèmes suivants:

    1. « Tout est dans l’attitude »
    2. Écoute
    3. Limites
    4. Confidentialité
    5. Observation
    6. Réponse d’urgence
    7. Surveillance du suicide
    8. Documentation
4. Tous les observateurs pairs participant à la formation initiale des observateurs pairs.
    • Ils doivent recevoir un exemplaire individuel du manuel de formation POP, Ressource du programme K : Prévention du suicide : Formation pour les observateurs pairs.
    • Les pairs observateurs doivent conserver ce manuel et l’apporter lorsqu’ils participent à des modules de formation récurrents , car il servira de guide pour les sections de formation initiale et récurrente.
5. À l’issue de la formation initiale des pairs observateurs, le coordinateur POP peut déterminer que le délinquant n’est pas apte à commencer les observations.
Si tel est le cas, le délinquant peut répéter la formation dans son intégralité, certaines parties de la formation jugées nécessaires par le coordinateur POP, ou il peut être démis de ses fonctions d’observateur pair.
6. Tous les observateurs par les pairs participeront à une formation continue, en suivant au moins une heure par trimestre (quatre fois par an) de formation sur un ou plusieurs sujets spécifiques tirés de la ressource K du programme : Prévention du suicide : formation pour les observateurs par les pairs.
Le choix des thèmes de la formation trimestrielle, ainsi que la programmation et la coordination de cette formation, restent de la responsabilité du coordinateur POP. Cela inclut toute décision concernant les délinquants nécessitant une formation continue supplémentaire, ou tout délinquant jugé inapte par le coordinateur POP à poursuivre ses fonctions d’observation.

a. En ce qui concerne la formation continue, les « débriefings », qui sont décrits dans la section Procédures du manuel POP, du manuel POP, peuvent servir à satisfaire cette exigence à condition que le délinquant suive au moins une heure de formation par trimestre.

b. Les coordonnateurs POP doivent s’assurer que des registres écrits de toutes les formations offertes, y compris les formations initiales et continues, sont remplis et conservés. Ces registres doivent préciser :

      1. Date
      2. le contenu ou le sujet (par exemple « initiale », « continue : identification des personnes à haut risque » ou « continue : débriefing »)
      3. le nom des participants et leur numéro OPUS
      4.  les commentaires, le cas échéant

c. Il est recommandé de conserver ces registres écrits sur un formulaire tel que le formulaire J : Registre de formation.

 Prévention du suicide en prison : L’impact de la « prévention par les pairs » (ex des CDS en France)

Les prisons sont confrontées à un défi critique : la prévention du suicide. Avec des taux de suicide dépassant parfois ceux de la population générale (27 pour 100 000 détenus en 2019), les établissements pénitentiaires cherchent des solutions innovantes. Une étude récente publiée dans le Journal of Correctional Health Care révèle comment des programmes de « safety compagnons » (compagnons de sécurité) – des détenus formés pour soutenir leurs pairs en crise – émergent comme une stratégie prometteuse.

Les faits saillants de l’étude

1. Étendue des programmes :

  • Seuls 16 États américains + l’administration fédérale (BOP) ont des politiques formalisées utilisant des détenus comme compagnons.
  • 3 États supplémentaires auraient des programmes non documentés.

2. Rôles des compagnons :

  • Observation (56% des programmes) : Surveiller les détenus à risque, prévenir les tentatives.
  • Soutien relationnel (38%) : Écoute active, mentorat pour réduire l’isolement.
  • Documentation (63%) : Tenue de registres sur l’état des personnes surveillées.

3. Sélection et formation :

  •  Critères stricts : Antécédents disciplinaires, stabilité psychologique (63% des politiques), aptitude physique.
  •  Formation : Détection des signes de crise (50%), confidentialité (56%), gestion des urgences.

4. Bénéfices tangibles :

  • Réduction des coûts : Un centre fédéral a économisé 30 000$ en heures supplémentaires sur 1 an.
  • Impact psychologique : Moins de solitude chez les détenus à risque, sentiment d’utilité chez les compagnons.

Les défis à relever

  • Priorité à la surveillance : La majorité des programmes américains se concentrent sur l’observation plutôt que le soutien émotionnel, contrairement à l’Europe ou au Canada (ex. : programmes « Samaritains »).
  • Risques éthiques : Crainte de négligence, motivations peu altruistes des compagnons, ou substitution aux soins professionnels.
  • Manque d’uniformité : Supervision variable (38% exigent un contrôle toutes les 15-60 min), rémunération inégale (63% payés, 6% certifiés).

Pourquoi ces programmes sont-ils essentiels?

  • Complément vital : Dans un contexte de sous-effectifs médicaux et de culture carcérale défavorable à la recherche d’aide, les pairs sont plus accessibles, surtout la nuit.
  • Double impact :
    •  Chez les détenus à risque : Réduction de l’isolement et du désespoir.
    • Chez les compagnons : Développement de compétences, certification valorisante (ex. : Spécialiste Certifié en Pennsylvanie).

Vers une approche humaine et efficace

Les « compagnons de sécurité » ne remplacent pas les soins professionnels, mais ils offrent une réponse humaine à la crise suicidaire en détention. Pour maximiser leur impact :

  • Intégrer un volet relationnel(mentorat, écoute) et superviser rigoureusement les compagnons.
  • Soutenir la recherche comparant l’efficacité des modèles « observation seule » vs « soutien global ».

Source : Tartaro, C. & Klenk, S. (2023). « Utilizing Peer Safety Companions to Prevent Suicide in Prisons ». Journal of Correctional Health Care.

 

Comment les détenus contribuent à prévenir le suicide derrière les barreaux (Caroline du Sud)

Dans cinq prisons de Caroline du Nord, des observateurs formés, eux-mêmes détenus, surveillent et soutiennent les personnes en crise psychologique qui risquent de mettre fin à leurs jours.

How incarcerated people are helping prevent suicide behind bars – North Carolina Health News  (12 juin 2025)

« Pendant quatre heures d’affilée, William Buhl surveille attentivement une personne sous surveillance anti-suicide à la Nash Correctional Institution, une prison à sécurité moyenne située à Nashville. Buhl est assis à une table à l’extérieur d’une cellule, d’où il peut observer directement la personne surveillée. Il observe son comportement, prend des notes toutes les 15 minutes et reste à son écoute.
Il est là en tant qu’observateur pair, c’est-à-dire un codétenu qui a été sélectionné et formé pour observer et interagir avec les personnes en détresse mentale et sous surveillance anti-suicide.
C’est une tâche que M. Buhl et les autres observateurs pairs ne prennent pas à la légère. L’objectif est de maintenir les personnes en vie et de les voir aller mieux.
« Les vies sont importantes et précieuses », a déclaré M. Buhl.

Les responsables pénitentiaires ont lancé le programme d’observateurs pairs comme stratégie de prévention du suicide recommandée par le groupe de travail sur la prévention du suicide et la violence autodirigée du département. Ce groupe s’est réuni après une recrudescence des suicides en 2018, année au cours de laquelle 11 personnes sont décédées en détention, contre six l’année précédente.
M. Buhl est devenu l’un des premiers pairs observateurs du système pénitentiaire de Caroline du Nord en novembre 2019 dans le cadre du programme pilote mis en place à la Mountain View Correctional Institution, une prison de sécurité moyenne située dans le comté de Mitchell.

Il a été motivé à participer parce qu’environ un an auparavant, il avait perdu un ami qui s’était suicidé. Quelqu’un, dit-il, qui était plutôt comme un frère.
Buhl, qui est incarcéré depuis près de 20 ans, comprend mieux les difficultés rencontrées en prison qui peuvent contribuer à la détérioration de la santé mentale : la séparation d’avec la famille, le poids des longues peines et les conflits interpersonnels au sein des blocs cellulaires. Son expérience vécue signifie souvent que les personnes qu’il observe sont plus enclines à s’ouvrir à lui.

« Un détenu parlera plus facilement à un autre détenu qu’au personnel, surtout lorsqu’il se rend compte que nous portons les mêmes vêtements qu’eux », explique M. Buhl.

En 2024, les observateurs pairs ont effectué 5 356 heures de surveillance anti-suicide, selon les données du département correctionnel pour adultes fournies à NC Health News.

Lewis Peiper, responsable de la santé comportementale au Département correctionnel pour adultes qui a dirigé le groupe de travail, a déclaré qu’ils avaient appris à utiliser des pairs pour aider à surveiller les personnes sous surveillance anti-suicide grâce à Gary Junker, alors responsable de la santé comportementale. M. Junker avait contribué à la mise en place d’un programme d’observateurs pairs à la prison fédérale de Butner lorsqu’il y travaillait.

« Ils ont constaté que cela présentait non seulement des avantages pour le personnel (qui n’avait pas à assurer la surveillance), mais que cela améliorait également l’expérience des personnes concernées », a déclaré M. Peiper. « Parfois, une personne en uniforme au sein d’une population carcérale peut être perçue comme un adversaire… La présence d’un pair permet en quelque sorte d’apaiser les tensions. »

Un article d’évaluation publié en 2005 et évalué par des pairs sur le programme fédéral d’observateurs pairs l’a qualifié de « solution gagnant-gagnant ». Les chercheurs ont constaté que les personnes passaient moins de temps sous surveillance anti-suicide lorsqu’elles étaient surveillées par une autre personne incarcérée, sans que cela ne compromette la qualité des soins. Les chercheurs ont également constaté que les observateurs eux-mêmes tiraient un bénéfice personnel du fait de pouvoir aider.

S’inspirant du programme fédéral, M. Peiper a déclaré que le recours à des observateurs pairs dans les prisons de Caroline du Nord s’était jusqu’à présent avéré efficace. Un rapport d’analyse coûts-avantages publié en mars 2022 par l’Institut d’innovation de la Division des prisons de Caroline du Nord a recommandé d’étendre le programme, qui s’est lentement étendu à 72 observateurs pairs travaillant dans cinq prisons.

« C’est simple, mais ça marche », a déclaré M. Peiper. « Cela a un impact sur l’environnement et sur l’expérience de la surveillance des personnes suicidaires, tant pour les individus que pour la prison.

« Il y a quelque chose de puissant dans le fait de recruter des personnes et de les former à un rôle », a-t-il déclaré. « C’est un rôle qui inspire confiance. Il est encadré par des mesures de sécurité, mais ces personnes deviennent d’excellents ambassadeurs de la santé mentale. Et leur portée peut aller bien au-delà de ce qu’un psychologue agréé pourrait avoir à lui seul. »

Que font les observateurs pairs ?

Les personnes incarcérées présentent des taux de maladie mentale disproportionnellement plus élevés que la population générale, ainsi que des taux d’automutilation plus élevés.

En 2024, 13 personnes sont décédées par suicide dans les prisons de Caroline du Nord, égalant le record du nombre de suicides en une année. En outre, selon les données fournies par le département à NC Health News, 2 941 incidents d’automutilation ont nécessité une évaluation des risques d’automutilation. Parmi ceux-ci, 32 % impliquaient une action physique, telle que se couper ou se brûler avec de l’eau bouillante, tandis que les 68 % restants consistaient en des menaces écrites ou verbales.

M. Peiper a déclaré que la politique du système pénitentiaire consiste à placer les personnes jugées suicidaires sous « observation constante », c’est-à-dire dans une cellule où elles sont visibles par un observateur et où elles reçoivent des articles tels qu’une couverture de sécurité, une blouse de sécurité et un matelas recouvert de vinyle, tous résistants aux déchirures.
En général, c’est un agent pénitentiaire qui assure la surveillance. Il est très chronophage de surveiller quelqu’un de près 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et cela est rendu encore plus difficile par le manque chronique de personnel au sein du département correctionnel pour adultes.

La secrétaire du département, Leslie Cooley Dismukes, a déclaré aux législateurs de l’État lors de son audition de confirmation le 14 mai que le taux de vacance des postes d’agent pénitentiaire avoisinait les 40 % et que cette pénurie constituait une « menace directe pour la sécurité publique ».

Dans les cinq prisons qui ont mis en place des programmes d’observation par les pairs, la majorité des observations sont effectuées par ces pairs formés, ce qui libère du temps pour le personnel.

Bien que l’observation par les pairs n’ait pas été créée pour pallier le manque de personnel, M. Peiper a déclaré qu’elle constituait un avantage particulièrement précieux lorsque le personnel pénitentiaire est cruellement nécessaire à plusieurs endroits à la fois. Il a toutefois souligné que les pairs observateurs ont toujours besoin d’être supervisés, mais pas autant que les personnes sous surveillance anti-suicide. La mise en place d’un programme d’observation par les pairs nécessite également des ressources supplémentaires en matière de santé comportementale.

Christine Tartaro, chercheuse à l’université de Stockton dans le New Jersey, qui étudie le suicide en milieu carcéral depuis plus de 25 ans et a évalué le paysage des programmes d’observation par les pairs dans les prisons, a déclaré que les prisons ont souvent du mal à disposer de ressources suffisantes pour les soins de santé mentale. Il est particulièrement difficile de répondre à ce besoin alors que la proportion de personnes atteintes de maladies mentales en prison augmente, notamment en Caroline du Nord, où environ un quart de la population carcérale totale (soit environ 8 000 personnes) a reçu un diagnostic de santé mentale nécessitant un traitement.

Mme Tartaro a déclaré qu’il était logique que les prisons utilisent une ressource dont elles disposent en abondance : les personnes incarcérées.

Les personnes incarcérées intéressées par le rôle d’observateur par les pairs sont soigneusement sélectionnées et passent des entretiens. M. Peiper précise qu’ils recherchent en particulier des candidats qui travaillent à leur propre réinsertion et qui ne souffrent pas activement de troubles mentaux.

Une fois sélectionnés, les pairs suivent une formation initiale de quatre heures axée sur la compréhension des exigences du poste, la prévention du suicide et les stratégies à adopter pour gérer les situations qui peuvent se présenter. Ils bénéficient d’une formation continue et de débriefings tout au long de leur mission, afin d’améliorer leurs connaissances et leurs compétences et de traiter tout traumatisme secondaire lié à ce dont ils pourraient être témoins, a-t-il déclaré.

Lorsqu’ils surveillent une personne à risque de suicide, les observateurs pairs peuvent intervenir jusqu’à quatre heures par période de 24 heures.

« Les observateurs ne sont pas là pour jouer le rôle de conseillers, mais ils ont des conversations de base et on leur apprend, lors de la formation, comment apporter leur soutien sans pour autant endosser le rôle de conseiller », a déclaré M. Peiper.

Les agents pénitentiaires continuent de faire des rondes régulières et un clinicien en santé comportementale rencontre quotidiennement la personne incarcérée afin d’évaluer sa santé mentale et de déterminer si elle peut retourner dans son unité d’hébergement habituelle.

M. Tartaro a averti que les pairs incarcérés ne devaient pas se substituer au personnel de santé mentale. Ils doivent plutôt agir comme un regard supplémentaire ou une source de soutien social.

« Permettre aux détenus de compléter le travail ne signifie pas pour autant que nous nous retirons et disons : « Bon, maintenant, le personnel n’a plus rien à faire », a déclaré M. Tartaro.

Lien entre pairs

Brandon Blakeney, qui est observateur depuis mi-2023, d’abord à Mountain View et maintenant à Nash Correctional, se souvient encore de sa première observation. L’homme sous surveillance anti-suicide est venu à la porte pour lui parler et lui a dit qu’il n’avait jamais été soumis à des mesures de précaution contre les comportements autodestructeurs auparavant et qu’il avait peur, n’ayant jamais été aussi déprimé.

« J’ai eu la chair de poule à plusieurs reprises lorsque cet homme m’a parlé de son passé et des événements qui l’avaient conduit à vouloir mettre fin à ses jours », a déclaré M. Blakeney. « Je me suis identifié à lui, car j’ai vécu certaines de ces mêmes expériences.

Le simple fait de l’entendre parler de ce qui l’affectait m’a permis de mieux comprendre tout ce que ces hommes vivent en prison », a poursuivi M. Blakeney. « Si vous passiez une heure en prison, comme une mouche sur le mur, vous verriez beaucoup de dissimulation, beaucoup de ce que nous appelons « perpétrer la fraude », car vous n’exprimez pas nécessairement qui vous êtes vraiment ou ce que vous ressentez.

« Lorsque vous vous trouvez dans ces moments de vulnérabilité si rares, vous appréciez simplement la vie », a-t-il poursuivi. « L’impact que j’ai pu avoir en étant présent lorsqu’une personne envisageait de mettre fin à ses jours est incommensurable. »

Selon M. Blakeney, le fait d’avoir un pair plutôt qu’un membre du personnel pour surveiller les personnes suicidaires change la donne.

« La personne se rend compte que quelqu’un s’intéresse à elle, se soucie d’elle et veut savoir si elle va bien », explique M. Blakeney. « Cela change aussi la perspective des gens, car beaucoup de détenus n’ont aucun soutien, et quatre heures de convivialité peuvent faire toute la différence pour eux. »

Au cours de ses quatre années en tant qu’observateur, M. Buhl a constaté que la présence de pairs pouvait aider certaines personnes à aller mieux, même si cela prend plus de temps pour certaines que pour d’autres. Par exemple, M. Buhl se souvient d’un homme sous surveillance anti-suicide que lui et d’autres observateurs pairs ont surveillé pendant 30 jours. Lorsque M. Buhl l’a croisé plus tard dans la file d’attente pour les médicaments, l’homme s’est approché, l’a serré dans ses bras et l’a remercié.

« Le simple fait qu’il lui ait dit qu’il appréciait son aide était une récompense suffisante », conclut M. Buhl. « C’était un homme qui avait traversé beaucoup d’épreuves, comme 26 opérations chirurgicales, après avoir tenté de se faire du mal. Le fait qu’il ait autant d’estime pour nous en disait long à tous les membres de l’équipe. »

Le personnel pénitentiaire peut également constater l’impact positif des pairs. M. Peiper a déclaré que le directeur de la prison de Mountain View était initialement sceptique quant à la mise en œuvre du programme d’observation par les pairs, mais qu’il était désormais convaincu. Par exemple, lorsque Mountain View a rouvert en janvier après avoir été fermée pendant plusieurs mois à la suite du passage de l’ouragan Helene dans l’ouest de la Caroline du Nord, M. Peiper a déclaré que le personnel était déterminé à relancer le programme d’observation par les pairs.

Un impact qui va au-delà de la surveillance des suicides

L’impact des pairs observateurs va au-delà de la surveillance des suicides. Les pairs observateurs et le personnel pénitentiaire ont déclaré à NC Health News que ce rôle favorisait une plus grande ouverture d’esprit autour de la santé mentale en prison.

Les pairs observateurs sont sollicités quotidiennement par la population carcérale pour discuter de diverses questions.

« Ils nous repèrent dans la cour et viennent nous voir », explique M. Blakeney. « Nous pouvons être en train d’aller manger ou simplement de nous déplacer d’un endroit à un autre, et quelqu’un peut s’approcher et nous dire : « Salut, j’aimerais te parler de quelque chose. » Être observateur par les pairs, c’est toujours avoir l’occasion d’ouvrir une porte. »
Les pairs observateurs trouvent également un sens à leur rôle, pour lequel ils ne reçoivent aucune rémunération.

« Pour moi, c’est un programme très important qui permet d’aider un autre détenu et de lui dire : « Hé, je suis là pour toi » », explique M. Buhl. « Je renonce à mon temps de récréation. Je renonce à mon temps à la cantine. Je renonce à mon temps libre pendant lequel je pourrais regarder un film ou faire autre chose pour retourner là-bas, m’asseoir pendant quatre heures et mettre tout le reste de côté, parce que quelqu’un a besoin d’aide. »

M. Blakeney explique que le fait d’être observateur par les pairs aide également les observateurs eux-mêmes. Il dit avoir rejoint le programme au « moment idéal », alors que des événements indépendants de sa volonté dans sa vie « endurcissaient son cœur ».

Être observateur, dit-il, l’a rendu meilleur en tant que personne et en tant que père, car il est désormais plus à l’écoute de ce qui se passe autour de lui.

« Vous voyez l’impact que vous pouvez avoir sur quelqu’un qui a juste besoin d’être accompagné. Pas besoin de parler, parfois votre simple présence suffit », explique M. Blakeney. « C’est l’une des choses qui m’ont ouvert les yeux. »

 

Impliquer les pairs

D’autres prisons à travers le pays ont intégré les pairs dans leurs efforts de prévention du suicide.

Selon une étude publiée en 2023 dans le Journal of Correctional Health Care, le Bureau fédéral des prisons et au moins 15 départements correctionnels d’État ont rédigé des politiques concernant l’utilisation des personnes incarcérées dans le cadre de leurs programmes de prévention du suicide.

Robert Cramer, chercheur à l’UNC Charlotte qui étudie le suicide et a collaboré avec le département correctionnel pour adultes de Caroline du Nord dans le cadre d’initiatives de prévention du suicide, a déclaré que le recours aux pairs était innovant et conforme à une approche de santé publique fondée sur l’idée que tout le monde peut contribuer à la prévention du suicide.

« De nombreux programmes de santé publique sont vraiment axés sur la manière dont on peut amener des profanes à s’engager, d’une manière ou d’une autre, dans des conversations de soutien et à aider la personne en détresse », a expliqué M. Cramer.

M. Peiper a déclaré que le département correctionnel pour adultes continuera à donner aux pairs les moyens de soutenir la santé mentale des personnes détenues dans ses établissements, notamment en créant des postes de spécialistes du soutien par les pairs. L’objectif est de recruter le premier groupe de détenus pour ces postes cet automne, a-t-il déclaré.

« L’objectif ultime est d’intégrer les [observateurs pairs] dans un modèle plus large et à l’échelle de l’État, soutenu par les pairs, au sein des services de santé comportementale dans tous nos établissements », a déclaré M. Peiper.

L’outil SAFE-T (Suicide Assessment Five-Step Evaluation and Triage)

L’outil SAFE-T (Suicide Assessment Five-Step Evaluation and Triage) est un protocole structuré destiné aux professionnels de la santé mentale pour évaluer le risque suicidaire et orienter les interventions appropriées. Développé par la Substance Abuse and Mental Health Services Administration (SAMHSA), il est largement utilisé aux États-Unis et dans d’autres pays pour guider les cliniciens dans l’identification et la gestion des comportements suicidaires.

Présentation du protocole SAFE-T

Le SAFE-T repose sur cinq étapes clés permettant une évaluation complète et systématique :oudecho.iu.edu

  1. Identification des facteurs de risque
    Cela inclut les antécédents personnels ou familiaux de tentatives de suicide, les troubles mentaux (comme la dépression ou les troubles bipolaires), la consommation de substances, les pertes récentes, l’isolement social, etc.

  2. Identification des facteurs protecteurs
    Il s’agit de repérer les éléments pouvant réduire le risque suicidaire, tels que le soutien familial ou social, la spiritualité, l’accès aux soins, les compétences en résolution de problèmes, etc.

  3. Enquête sur les idées suicidaires
    Cette étape consiste à interroger le patient sur la présence d’idées suicidaires, l’existence d’un plan précis, l’intention de passage à l’acte et les comportements antérieurs.

  4. Détermination du niveau de risque et des interventions
    En fonction des informations recueillies, le clinicien évalue le niveau de risque (faible, modéré, élevé) et détermine les interventions appropriées, qui peuvent aller d’une surveillance accrue à une hospitalisation.

  5. Documentation et planification du suivi
    Il est essentiel de consigner l’évaluation, les décisions prises et de planifier un suivi adapté pour assurer la continuité des soins.

Ce protocole est conçu pour être utilisé lors du premier contact avec un individu à risque, notamment dans les services d’urgence, les cliniques externes ou les contextes communautaires. Il peut être intégré aux dossiers médicaux électroniques pour faciliter la documentation et le suivi .​


📄 Ressources disponibles

  • Carte de poche SAFE-T (en anglais) : un guide succinct pour les cliniciens, disponible en téléchargement sur le site de la SAMHSA .​

  • Adaptations françaises : Bien que le protocole SAFE-T n’ait pas encore de traduction officielle en français, des initiatives similaires, comme la traduction et l’adaptation de l’intervention de planification de la sécurité (Safety Planning Intervention) pour la prévention des tentatives de suicide, ont été réalisées .​researchgate.net

Plan de Protection Personnel


Intégration avec d’autres outils

Le SAFE-T peut être utilisé en complément d’autres instruments d’évaluation du risque suicidaire, tels que l’échelle C-SSRS (Columbia-Suicide Severity Rating Scale), qui offre une évaluation plus détaillée des pensées et comportements suicidaires .​api.dadeschools.net


Avantages du SAFE-T

  • Structuration de l’évaluation : permet une approche systématique et complète.Default

  • Facilité d’utilisation : conçu pour être rapide et adaptable à divers contextes cliniques.

  • Documentation claire : facilite la traçabilité des évaluations et des décisions cliniques.

  • Adaptabilité : peut être intégré à différents systèmes de soins et utilisé en conjonction avec d’autres outils.


 

https://library.samhsa.gov/sites/default/files/safet-flyer-pep24-01-036.pdf

Masha Linehan : « les patients TCD étaient moins susceptibles de s’automutiler et plus susceptibles de rester en thérapie par rapport aux traitements standards »

La prévention du suicide est une question de santé publique cruciale, avec des organisations comme l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) mettant l’accent sur des stratégies basées sur des preuves. Marsha Linehan, professeure émérite de psychologie à l’Université de Washington, est une figure clé dans ce domaine, en particulier à travers son travail sur la TCD. Ses recherches se sont concentrées sur l’application de modèles comportementaux aux comportements suicidaires, à l’abus de substances et au TPL, avec un accent particulier sur la suicidabilité chronique.
Des données récentes des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) indiquent plus de 49 000 décès par suicide en 2023, soulignant l’urgence d’interventions efficaces (Suicide Data and Statistics | Suicide Prevention | CDC).
Le travail de Linehan s’aligne avec des initiatives comme l’équipe de recherche sur le suicide du National Institute of Mental Health (NIMH), formée en 2019, visant à réduire les taux de suicide de 20 % d’ici 2025 (Suicide Research – National Institute of Mental Health (NIMH)).
Identification des contributions clés
La contribution principale de Linehan est le développement de la TCD, publié pour la première fois en 1991 dans Archives of General Psychiatry, démontrant son efficacité pour les patients TPL avec des comportements suicidaires. Son travail a été reconnu avec des prix tels que le Louis Israel Dublin Award for Lifetime Achievement in the Field of Suicide et le Distinguished Research in Suicide Award de l’American Foundation for Suicide Prevention (Marsha M. Linehan – Wikipedia).
De plus, une annonce récente du 8 avril 2025 mentionne qu’elle recevra le Lifetime Achievement Research Award de l’American Foundation for Suicide Prevention, soulignant son impact continu (People – University of Washington Department of Psychology).
Détails sur la TCD pour la prévention du suicide
La TCD est une psychothérapie basée sur des preuves qui intègre la restructuration cognitive avec l’acceptation, la pleine conscience et le façonnage. Elle a été initialement développée pour les clients ne s’améliorant pas avec les méthodes existantes, débloquant de nouveaux moyens de traiter la suicidabilité chronique et le TPL. La thérapie inclut quatre catégories de compétences, comme détaillé dans le tableau suivant :
Catégorie de compétence TCD
Description
Pleine conscience
Aide les personnes à être présents et à gérer leurs émotions, réduisant les actes suicidaires impulsifs.
Tolérance au stress
Enseigne des techniques pour tolérer les crises sans recourir au suicide.
Régulation émotionnelle
Aide à gérer les émotions intenses qui peuvent mener à des idées suicidaires.
Efficacité interpersonnelle
Améliore les compétences sociales et la gestion des relations, réduisant le stress interpersonnel.
Un essai clinique de 1991 a montré que les patients TCD étaient moins susceptibles de s’automutiler et plus susceptibles de rester en thérapie par rapport aux traitements standards, un résultat soutenu par son travail aux Behavioral Research and Therapy Clinics, un consortium évaluant les traitements pour les populations suicidaires (Marsha Linehan | Behavioral Research & Therapy Clinics).
L’approche de Linehan inclut également l’analyse comportementale, des stratégies d’engagement pour réduire les comportements suicidaires et des stratégies dialectiques équilibrant l’acceptation et le changement. Ces composantes sont délivrées à travers une thérapie individuelle, une formation en groupe (généralement 24 semaines), un coaching téléphonique en temps réel et des équipes de consultation pour les thérapeutes, assurant un cadre de traitement complet.
Développement du Linehan Suicide Safety Net (LSSN)
Au-delà de la TCD, Linehan a développé le LSSN, un outil multimédia en ligne conçu pour soutenir les cliniciens travaillant avec des individus suicidaires. La caractéristique principale est le Linehan Risk Assessment and Management Protocol (LRAMP), un protocole dérivé empiriquement qui fournit une liste de contrôle structurée pour évaluer, gérer et documenter le risque de suicide. Une étude publiée en J Clin Psychol en 2017 (DOI : 10.1002/jclp.22331) a examiné son utilisabilité et son efficacité, impliquant 44 professionnels de la santé mentale sur une période de 3 mois. Les résultats ont montré :
  • Le LSSN était jugé acceptable et hautement utilisable.
  • Son utilisation était associée à une augmentation significative de la confiance dans la conduite de l’évaluation et de la gestion du risque de suicide.
  • Il y avait une diminution des préoccupations liées au traitement des clients suicidaires.
Cet outil semble prometteur pour les cliniciens, offrant une approche structurée à la gestion du risque de suicide (Evaluating a Multimedia Tool for Suicide Risk Assessment and Management: The Linehan Suicide Safety Net – PubMed).
Autres contributions et diffusion
Linehan a fondé Behavioral Tech LLC et Behavioral Tech Research, Inc., se concentrant sur la diffusion de traitements comportementaux basés sur la science. Son entreprise propose des programmes de formation, tels que l’atelier sur l’évaluation et la gestion du risque suicidaire, que le personnel a trouvé utile (Marsha Linehan: Dialectic Behavioral Therapy). Elle a également co-fondé le DBT-Linehan Board of Certification (DBT-LBC) pour assurer des fournisseurs de TCD basés sur des preuves, augmentant la portée mondiale de son travail.
Ses contributions théoriques incluent la modélisation du cycle des comportements suicidaires, comme vu dans sa publication “Modeling the suicidal behavior cycle: Understanding repeated suicide attempts among individuals with borderline personality disorder and a history of attempting suicide” (DOI : 10.1037/ccp0000496, PMC 7228857, PMID 32162931), qui explore les mécanismes sous-jacents aux tentatives répétées de suicide.
Outils pratiques pour la prévention du suicide
Pour les cliniciens, les principaux outils sont la TCD et le LSSN. La TCD implique un programme thérapeutique structuré, tandis que le LSSN offre une plateforme numérique pour l’évaluation du risque. Pour les patients, apprendre les compétences de TCD—pleine conscience, tolérance au stress, régulation émotionnelle et efficacité interpersonnelle—est crucial pour gérer les crises et réduire les comportements suicidaires. Les ressources de formation sont disponibles via Behavioral Tech (Behavioral Tech), y compris des formations à venir et des services de consultation.
Défis et controverses
Le domaine fait face à des défis, y compris des débats sur l’efficacité de certains traitements, comme les antidépresseurs chez les jeunes, que le travail de Linehan touche à travers son focus sur le TPL. La complexité de la prévention du suicide signifie que les approches peuvent varier selon l’individu et le contexte culturel, comme noté dans des articles comme ceux de The Lancet Public Health sur les approches de santé publique (Preventing suicide: a public health approach to a global problem – The Lancet Public Health).
Conclusion
Les travaux de Marsha Linehan ont révolutionné la prévention du suicide à travers la TCD et le LSSN, fournissant des outils thérapeutiques et cliniques. Ses recherches, soutenues par une reconnaissance mondiale et des initiatives de formation continues, continuent d’évoluer, abordant la nature sensible et complexe de la prévention du suicide au 30 avril 2025.

TCD et prévention du suicide: les apports de Marsha Linehan

La thérapie comportementale dialectique (TCD), développée par Marsha Linehan (1993), est un traitement très prometteur qui a révolutionné la prise en charge des troubles de la personnalité borderline, des pensées suicidaires et des psychotraumatismes.

La TCD a été utilisé très efficacement pour aider les personnes qui ont des difficultés à gérer leurs émotions et à nouer des relations étroites, et avec les personnes qui pensent à se faire du mal. La thérapie comportementale dialectique met l’accent sur les émotions – en particulier la façon dont nous apprenons à gérer les sentiments difficiles. Si vous vous êtes déjà trouvé émotions difficiles, et si ces émotions interfèrent avec vos relations, la TCD peut être très utile. Elle repose sur les hypothèses suivantes :

  • Si vos réactions émotionnelles ne sont pas prises en compte (par ceux qui ont pris soin de vous) lorsque vous êtes jeune, vous aurez peut-être des difficultés à identifier, étiqueter et gérer vos émotions à l’âge adulte.
  • Lorsque vous avez du mal à gérer vos émotions, cela se répercute sur vos relations avec les autres.
  • Nous augmentons souvent notre niveau de détresse en pensant à ce qui s’est déjà produit et à ce qui pourrait se produire dans le futur
  • La pleine conscience, qui est un ensemble de techniques permettant de revenir au moment présent, peut vous aider à gérer les émotions et les pensées pénibles.
  • Il est parfois efficace d’essayer de changer les émotions négatives, et parfois d’accepter ces émotions difficiles. Vous pouvez développer des compétences pour vous aider à décider de l’approche à adopter dans diverses situations.

Le traitement par la thérapie comportementale dialectique a été développé à l’origine pour traiter les troubles de la personnalité limite. Les personnes chez qui l’on diagnostique un trouble de la personnalité limite ont souvent des difficultés relationnelles et ont souvent des antécédents de pensées et d’actions suicidaires. Au cours des dernières années, la TCD a été utilisée pour aborder une variété de conditions, y compris le PTSD (Becker et Zayfert 2001).

Ce mode de thérapie comporte plusieurs aspects :

  • la pleine conscience,
  • l’efficacité interpersonnelle,
  • la régulation des émotions
  • et la tolérance à la détresse.

pour en savoir plus: http://depts.washington.edu/uwbrtc/resources/treatment-resources/

Videos en français sur les compétences enseignées dans la TCD: https://www.youtube.com/playlist?list=PLVlLbxLe1Eo7TlxEvhebgfdMVHzgiSts-

UK: Guide sur la prévention du suicide pour les professionnels de santé

Le document Framework for Suicide Risk Assessment and Management publié par le ministère de la Santé de la Nouvelle-Galles du Sud (NSW Health) est un guide essentiel pour les professionnels de santé, y compris les formateurs en prévention du suicide. Il fournit une structure détaillée pour l’évaluation et la gestion du risque suicidaire, applicable dans divers contextes cliniques.

🧭 Objectifs du cadre

Ce cadre vise à :

  • Standardiser l’évaluation du risque suicidaire à travers les services de santé.

  • Clarifier les rôles et responsabilités des professionnels de santé, qu’ils soient généralistes ou spécialisés en santé mentale.

  • Assurer une prise en charge continue du patient, depuis la première présentation jusqu’à la sortie et le suivi postérieur.


Processus d’évaluation du risque suicidaire

1. Engagement initial

    • Établir une relation thérapeutique de confiance avec le patient est fondamental pour une évaluation efficace.

2. Collecte d’informations

    • Obtenir des informations corroborées à partir de diverses sources, y compris la famille, les amis et les dossiers médicaux, pour une compréhension complète du contexte du patient.

3. Détermination du niveau de risque

    • Le risque suicidaire est classé en quatre catégories :
  • Risque élevé

  • Risque moyen

  • Risque faible

  • Aucun risque prévisible

Cette classification prend en compte la variabilité du risque et la confiance du clinicien dans son évaluation.


Gestion du risque suicidaire

  • Planification des soins : Élaborer un plan de gestion personnalisé en fonction du niveau de risque identifié.

  • Intervention immédiate : Pour les patients à risque élevé, des mesures de sécurité immédiates doivent être mises en place.

  • Suivi et réévaluation : Le risque suicidaire étant dynamique, des réévaluations régulières sont essentielles, notamment lors de changements dans l’état clinique du patient.


Collaboration interdisciplinaire

La gestion efficace du risque suicidaire nécessite une collaboration entre :

Cette approche collaborative garantit une prise en charge holistique et adaptée aux besoins individuels.


Implications pour les formateurs en prévention du suicide

Pour les formateurs, ce cadre offre une base solide pour :

  • Former les professionnels à l’identification et à l’évaluation du risque suicidaire.

  • Développer des compétences en communication et en engagement thérapeutique.

  • Promouvoir une culture de sécurité et de vigilance continue au sein des établissements de santé.


Ce cadre s’inscrit dans une approche plus large de prévention du suicide, alignée sur des initiatives telles que le programme Towards Zero Suicides . Il est essentiel que les formateurs intègrent ces principes dans leurs programmes pour renforcer la capacité des professionnels de santé à prévenir efficacement le suicide.

Évolution des âges les plus à risque de suicide

Entre 2015 et 2020, les taux de suicide ont augmenté chez les 15-24 ans, les 25-34 ans et les 35-44 ans.

Pour le groupe des 45 à 54 ans, le taux est resté relativement stable avant de diminuer vers 2019. Chez les 55-64 ans, les taux ont augmenté régulièrement à partir de 2015, puis ont baissé en 2018. Pour les 65 ans et plus, le taux est resté stable jusqu’en 2017, puis a augmenté jusqu’en 2018, année où il a diminué.

Sourcesuicide prevention resources center 

Programme ACE Base+1 pour la prévention du suicide dans l’armée américaine

L’article intitulé « Améliorations essentielles de la formation de l’armée en matière de prévention du suicide et d’intervention : Une collaboration inter-agences pour développer le nouveau programme « ACE Base +1 «  publié dans Military Medicine, présente le développement d’un programme de formation innovant destiné à renforcer la prévention du suicide au sein de l’armée américaine. Ce programme, nommé ACE Base +1, est le fruit d’une collaboration interagences visant à améliorer les compétences des militaires en matière de détection et d’intervention face aux comportements suicidaires.Oxford Academic

Le programme ACE Base +1, est une mise à jour significative du programme de formation à la prévention du suicide et à l’intervention face à une crise suicidaire de l’United States Army. Développé en collaboration entre les Defense Centers for Public Health-Aberdeen et l’Institut de recherche de l’Army Walter Reed (WRAIR), ce programme s’appuie sur des recherches actuelles, des réglementations de l’Army, des directives de santé publique du CDC (Centers for Disease Control and Prevention) et des politiques du Bureau du département de prévention du suicide. Il représente une avancée dans les efforts de prévention du suicide au sein de l’Armée, en intégrant des améliorations dans le contenu, les méthodes de formation et la conception globale, alignée sur les initiatives nationales et du Département de la Défense.

🎯 Objectifs du programme ACE Base +1

Le programme ACE Base +1 a été conçu pour :

  • Renforcer les compétences des militaires en matière de prévention du suicide, en mettant l’accent sur l’identification des signes avant-coureurs et l’intervention appropriée.

  • Intégrer les connaissances sur les expériences adverses de l’enfance (ACE), reconnaissant leur impact à long terme sur la santé mentale et le risque suicidaire.

  • Favoriser une approche collaborative entre différentes agences et services, afin d’assurer une réponse coordonnée et efficace.


Structure et contenu de la formation

Le programme ACE Base +1 se distingue par :

  • Une formation modulaire adaptée aux différents niveaux hiérarchiques et fonctions au sein de l’armée.

  • L’utilisation de scénarios interactifs et d’études de cas basés sur des situations réelles, facilitant l’application pratique des connaissances acquises.

  • Une évaluation continue des compétences, permettant d’ajuster le contenu en fonction des besoins spécifiques des participants.

  • Decouvrir le manuel de ACE Base+1

Caractéristiques clés du programme

Le programme ACE Base +1 se distingue par plusieurs éléments innovants qui le rendent particulièrement adapté à la prévention du suicide dans un contexte militaire :
  1. Cadre modulaire pour une formation obligatoire adaptée
    • Le programme est structuré de manière modulaire, permettant une personnalisation de la formation selon les besoins spécifiques des différents groupes au sein de l’Army (par exemple, soldats, civils, familles). Cela permet une approche plus ciblée et efficace, en ajustant le contenu selon le rôle et les responsabilités des participants.
    • Par exemple, les leaders peuvent recevoir une formation approfondie sur la gestion des crises, tandis que les soldats de première ligne se concentrent sur l’identification des signes de détresse.
  2. Approche de santé publique axée sur l’intervention précoce, la confiance et la cohésion
    • L’accent est mis sur l’intervention précoce, en encourageant les pairs à identifier les signes avant-coureurs du suicide et à intervenir rapidement, par exemple en posant des questions directes sur les pensées suicidaires.
    • La formation vise également à bâtir la confiance et la cohésion au sein des unités, ce qui est crucial pour la prévention du suicide, car une forte cohésion sociale est un facteur protecteur. Cela inclut des activités pour renforcer les liens entre les membres de l’unité.
  3. Méthodes de formation centrées sur les discussions entre pairs et les répétitions comportementales
    • Les sessions de formation incluent des discussions entre pairs, favorisant un apprentissage collaboratif et une meilleure compréhension des enjeux. Ces discussions permettent aux participants de partager leurs expériences et d’apprendre les uns des autres, réduisant le stigma autour du suicide.
    • Des exercices de répétition comportementale (comme des simulations de rôle) sont utilisés pour permettre aux participants de pratiquer les compétences d’intervention dans des scénarios réalistes, tels que comment accompagner une personne vers une ressource de soutien.
  4. Curriculum inclusif pour l’ensemble de la communauté de l’Army
    • Le programme est conçu pour être inclusif, couvrant non seulement les soldats mais aussi les civils et les familles. Cela reconnaît que la prévention du suicide nécessite une approche communautaire, impliquant tous les acteurs de l’écosystème militaire.
    • Par exemple, les familles peuvent recevoir une formation sur les signes de détresse chez leurs proches soldats, tandis que les civils du Département de l’Army sont formés pour reconnaître les ressources disponibles.

Implications pour les formateurs en prévention du suicide

Pour les formateurs, l’intégration des éléments du programme ACE Base +1 dans leurs sessions de formation peut :

  • Améliorer la compréhension des facteurs de risque liés aux expériences adverses de l’enfance et leur influence sur le comportement suicidaire.

  • Fournir des outils pratiques pour l’identification précoce des signes de détresse psychologique et l’intervention appropriée.

  • Encourager une culture organisationnelle axée sur la prévention, la résilience et le soutien mutuel.


Ressources complémentaires

Pour approfondir la compréhension des ACE et de leur impact sur la santé mentale, les formateurs peuvent consulter :


En résumé, le programme ACE Base +1 représente une avancée significative dans la formation à la prévention du suicide, en intégrant une approche holistique qui tient compte des expériences passées des individus. Pour les formateurs, l’adoption de ces principes peut renforcer l’efficacité de leurs interventions et contribuer à la réduction des comportements suicidaires au sein des populations à risque.

 

Quelles implications de l’étude sur les ACE(S) (Kaiser Permanente) et la prévention du suicide?

L’étude pionnière sur les Expériences Adverses de l’Enfance (ACE), menée conjointement par Kaiser Permanente et les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), a mis en évidence un lien fort entre les traumatismes infantiles et divers problèmes de santé mentale à l’âge adulte, y compris le risque accru de suicide. Pour les formateurs en prévention du suicide, intégrer les enseignements de cette étude est essentiel pour comprendre les origines profondes du comportement suicidaire et adapter les interventions en conséquence.


Comprendre les ACE : des facteurs de risque majeurs

Les ACE englobent des expériences telles que la maltraitance physique, émotionnelle ou sexuelle, la négligence, ou encore la présence de troubles mentaux ou de toxicomanie chez les parents. L’étude a révélé une relation dose-réponse : plus une personne a été exposée à un nombre élevé d’ACE, plus le risque de comportements autodestructeurs, y compris le suicide, est élevé. Par exemple, une personne ayant subi quatre ACE ou plus présente un risque significativement accru de tentative de suicide à l’âge adulte.

Catégorie d’ACE
Exemple
Impact potentiel sur le risque de suicide
Maltraitance physique
Être frappé par un parent
Augmentation des troubles de l’humeur, dépression
Maltraitance émotionnelle
Être humilié ou critiqué régulièrement
Risque accru de pensées suicidaires
Négligence physique
Manque de nourriture ou de soins médicaux
Isolement social, comportements à risque
Dysfonctionnement familial
Parent alcoolique ou membre de famille incarcéré
Stress chronique, augmentation des tentatives de suicide

Implications pour la formation en prévention du suicide

  1. Évaluation approfondie des antécédents : Former les intervenants à identifier les signes de traumatismes passés et à poser des questions sensibles sur les expériences infantiles peut aider à détecter les personnes à risque.

  2. Approche centrée sur le traumatisme : Adopter une perspective qui reconnaît l’impact des traumatismes passés permet de créer un environnement sécurisé et empathique pour les personnes en détresse.

  3. Renforcement des facteurs de protection : Mettre l’accent sur le développement de relations stables, le soutien social et l’estime de soi peut atténuer les effets des ACE et réduire le risque suicidaire.

  4. Intégration de programmes éducatifs : Utiliser des modules de formation spécifiques sur les ACE, comme ceux proposés par des organisations spécialisées, peut enrichir les compétences des formateurs et des intervenants.


Ressources pour les formateurs

  • Modules de formation sur les ACE : Des programmes en ligne offrent des cours sur la reconnaissance et la prévention des ACE, adaptés à divers professionnels de la santé mentale.

  • Matériel pédagogique : Des brochures, des guides et des outils d’évaluation sont disponibles pour aider à la mise en œuvre de formations efficaces sur les ACE et la prévention du suicide.

Exemple pratique : Le programme « Ask, Care, Escort » (ACE)

Bien que le programme « Ask, Care, Escort » de l’Armée américaine ne soit pas directement lié à l’étude Kaiser Permanente sur les ACE, il illustre comment les principes tirés de l’étude peuvent être appliqués. Ce programme, décrit sur le site du programme Army ACE, forme les soldats et les civils à intervenir auprès des personnes à risque en trois étapes :
  • Ask : Poser des questions directes sur les pensées suicidaires.
  • Care : Prendre soin de la personne en montrant de l’empathie et en offrant un soutien immédiat.
  • Escort : Accompagner la personne vers un professionnel de santé pour un suivi.
Ce modèle peut être adapté pour les formateurs en prévention du suicide, en intégrant la sensibilisation aux ACE comme un facteur clé pour identifier les personnes à risque. Par exemple, les formateurs peuvent enseigner comment les ACE augmentent la probabilité de pensées suicidaires et comment intervenir de manière adaptée.